Parle avec elle. Avant d’écouter la version de Gaetano Veloso dans Parle avec elle d’Almodovar, La paloma était pour moi le nec plus ultra du kitsch. Maintenant, le disque tourne sans arrêt. Dans le film comme dans la chanson les sentiments sont à quelques millimètres du sentimentalisme le plus oies-en-vacances-au-lac d’Annecy. Mais Almodovar sait y faire.

Comment faire sortir une femme du coma ?

En lui parlant comme le titre voudrait nous le faire croire ? Non. En lui faisant l’amour ? Non ; seuls des spectateurs emmaillotés dans les bons sentiments peuvent le penser. En donnant naissant à un enfant mort ? Oui. L’infirmier, qui l’aime depuis l’instant où il l’a vue et qui a laissé dans ses entrailles le signe de son plaisir furtif, se tue. Le père et le fils mort, la femme reprend à vivre. Dit comme cela, on ne rend pas justice au film. Il y a autre chose. Il y a le très beau rapport entre deux hommes — l’infirmier et un journaliste qui aime, non aimé, une femme toréador aux traits fort masculins. Les femmes comme pont entre les hommes, c’est du déjà vu mais Almodovar sait y faire. Il y a autre chose, mais c’est presque tout. Un très bon film, intelligemment misogyne.