La beauté des États-Unis. Les deux faces des États-Unis. Deux faces excessives, à la limite du cliché mais qui, dans leur interpénétration, forment une image convaincante des États-Unis. Un vétéran du Vietnam, patriote, paranoïaque, raciste et sa nièce, une fille de vingt ans qui a vécu en Afrique et en Cisjordanie. Le film (Land of Plenty de Wim Wenders) s’ouvre avec l’arrivée de la jeune fille à Los Angeles en provenance de la Cisjordanie. Un très beau film, s’il n’y avait pas une quart d’heure final impossible à avaler.

À un metteur en scène comme Wenders, un spectateur normal a le droit de demander un peu plus de retenue dans le happy end — il pourrait, par exemple, lui proposer d’aller voir The Player de Robert Altman.

Michelle Williams interprète le personnage de la nièce. Jamais, jamais au grand jamais, je ne vis un personnage cinématographique d’une telle beauté. Une beauté qui naît… je ne sais pas d’où. Une beauté de femme sans la moindre connotation sexuelle. Impossible ? Non. Si je croyais à l’âme je dirais que cette beauté, légère comme une caresse, douce comme la peau d’un bébé, profonde comme un regard qui désire, vient de l’âme. Images stéréotypées ? Rabâchage de clichés vieux comme le monde ? Je le sais. Mais…

Mais quand la beauté est une beauté à l’état pur les clichés deviennent une nécessité.

Quand je pense que j’aurais pu l’avoir comme fille — et j’aurais pu, si j’étais un personnage de fiction, américain et missionnaire — je me dis que il vaudrait la peine d’être numérisé pour renaître dans un DVD.

Cette jeune fille, qui revient dans son pays pour porter une lettre de sa mère à son oncle, loin d’être une beauté abstraite et universelle, incarne une beauté que seules des anglo-saxonnes désclérosées par le rêve américain peuvent avoir : une classe souple, une fierté sans ostentation. La quantité qu’il faut, de tout. Un équilibre parfait. La quantité qu’il faut de naïveté, d’engagement, de fermeté, de courage… Qu’il faut. Même si l’expression m’a toujours donné envie de foutre tout en l’air.

La quantité qu’il faut pour que cette terre, prise en otage par la pègre qui gouverne les entreprises et l’État américain, soit _____________________________ Fill in the blanks.