Au cinéma, toutes les histoires d'amours se ressemblent. C'est toujours la même passion — plus ou moins voilée, plus ou moins crue —, portée par des stars en quête de légitimité individuelle et de rôles marquants, qui s'inscrit fugacement à l'écran. Au cinéma, les histoires d'amour ne durent pas. Elles ne durent pas parce que l'un ou l'autre des protagonistes l'emporte forcément. Nora est un bon exemple de cette lutte univoque entre deux comédiens pour emporter et le film et l'histoire d'amour.

 

Il y a peu de Joyce dans ce film et beaucoup de Nora. Susan Lynch triomphe sur toute la ligne. Et si, accessoirement, cette ligne débute avec le sexe de Joyce, elle se termine immanquablement sur la ligne d'horizon et l'intertitre, ils vécurent ensemble heureux et eurent beaucoup d'enfants. Triomphe d'une comédienne qui met à mal la crédibilité de l'histoire (d'amour) et repose essentiellement sur la force sexuelle qui émane d'elle. Ce serait alors l'illustration que le sexe est plus fort que la littérature. Une bien petite leçon à tirer d'un si long film.

 

Une dernière note pour dire que plus le temps passait, plus j'aimais la musique par-delà les images du film. Peut-être finirais-je par ne plus aimer les belles histoires d'amour et les belles images, pour ne plus aimer que les belles musiques, là où tout est encore possible.