MODULE No 02

Titre : Qu’est-ce qu’un livre ?

But : Montrer les difficultés que l’on rencontre dès que l’on analyse un objet simple (!) comme un livre.

Antécédents : Aucun.

Corps : Si vous lisez la définition de « livre » du TLF  (3946 mots !), reproduite à la fin de ce module, vous allez sans doute améliorer votre culture, mais je ne suis pas sûr que la définition soit d’une très grande utilité pour créer une application qui « gère » des livres…

 

Pourquoi ? Principalement parce que « la » définition est en réalité un ensemble de définitions qui s’appliquent dans des contextes différents et qui ont des buts différents. Une bonne définition d’un dictionnaire général comme le TLF doit être complète et être compréhensible pour un quidam qui parle français, mais elle ne peut pas être trop détaillée ou trop spécialisée (pour cela il y a souvent des dictionnaires spécialisés). Mais en informatique on a besoin de détails et de précision si on ne veut pas que le client se retrouve avec une application « sur les livre » qui ne satisfait pas ses besoins.

 

Une manière pour faciliter la tâche des ingénieurs du logiciel c’est de définir l’environnement (le monde) dans lequel on veut « gérer » les livres. Environnement qui peut être défini en partant de la question : Pour qui doit-on gérer les livres ? Voici quelques exemples :

§         Édition

·         Mise en Page

·         Révision

·         Distribution

o       Expédition

·         Publicité

§         Bibliothèque

·         Publiques

·         Privée

·         Grande/petite

o       5 000 livres : grande ou petite ?

§         Librairie

§         Imprimerie

§         Censure

§         Reliure

§         Distribution

§         Expédition

§         Etc.

La classification que je viens de faire est assez arbitraire (comme bien des classifications que vous allez faire dans votre carrière d’informaticiennes(ens)), mais cela ne veut pas dire qu’elle soit inutile. En fonction du « domaine » dans lequel vous situez votre « livre », vous aurez des caractéristiques (que les informaticiennes appellent souvent « attributs ») plus ou moins importantes. À titre d’exemple, le poids d’un livre n’est généralement considéré important sinon par ceux qui font des expéditions ; le type de papier est important pour l’édition ; le ISBN pour… etc.

 

Dans la classification présentée ci-dessus on peut voir que la Distribution peut être considérée au même niveau que l’Édition (autonome) ou elle peut être considérée comme faisant partie de l’Édition (liée). La même observation peut être faite à propos d’Expédition qui peut être au même niveau que l’Édition ou en dessous de la Distribution.

 

Tout cela pour dire que le concept de livre (la classe en terme informatiques) dont un exemplaire concret est une instance, ne peut être vraiment précisé que si on connaît les buts de l’application et le contexte dans lequel elle s’exécute. Ce qui nous empêche de créer une classe « livre » valide pour tous et pour toujours (comme bien des informaticiens qui n’ont pas les pieds par terre aimeraient faire !).

 

Si vous avez lu la définition du TLF, vous vous êtes sans doute demandé : mais pourquoi l’UNESCO fait cette recommandation: « N'employer le terme livre que pour des ouvrages comportant au moins 49 pages, pages de couverture non comprises » ?

 

Personnellement je n’ai pas de réponse. Si vous êtes curieux et cela vous intéresse, allez-y avec Internet…

 

Toujours à propos de la définition du TLF, considérez la première définition : « Assemblage de feuilles en nombre plus ou moins élevé, portant des signes destinés à être lus. » Cette phrase peut être « transcrite » plus ou moins précisément dans une notation UML de la manière suivante :

 

 

(Vous avez sans doute entendu parler de UML, ce qui est certain c’est que vous vous en entendrez parler souvent dans ce cours-ci),

 

Mais est-ce la définition des livre que vous manipulez, ou les livres que vous fréquentez dans votre vie quotidienne répondent-ils plutôt à cette définition (la 2. du TLF) ? « Ouvrage imprimé, relié ou broché, non périodique, comportant un assez grand nombre de pages :

 

 

 

Comme vous pouvez le constater les deux représentations graphiques sont assez différentes : seul le nom « Livre » est commun mais à cause des différences structurelles dans le diagramme les deux « Livres » ne sont pas le même concept : c’est-à-dire que les instances des deux ne sont pas nécessairement les mêmes.

 

 

Conséquents :

·         Être conscient que la description d’un objet « réel » qui doit se transformer en un objet informatique a besoin d’un contexte et d’objectifs.

·         Avoir une première idée de comment on représente une phrase de la langue française dans la notation UML.

 

Note 1 Définition de « livre » du TLF :


LIVRE1, subst. masc.

I. Assemblage de feuilles en nombre plus ou moins élevé, portant des signes destinés à être lus. Synon. bouquin (fam.), ouvrage, volume.
A. [Le livre comme objet]
1. HIST. DU LIVRE
a) Ouvrage écrit (le plus souvent d'un seul côté) sur un support varié et se présentant sous la forme d'un rouleau. Livre de papyrus; livre sur soie. À la voix du premier (le Dieu des chrétiens) les fleuves rebroussent leur cours, le ciel se roule comme un livre (
CHATEAUBR., Génie, t. 2, 1803, p. 485).
Livres éléphantins*.
b) Ensemble de feuilles de parchemin ou de papier écrites des deux côtés et rassemblées en cahiers. Livre de parchemin (synon. codex). Au
IVe siècle, les parchemins étant réunis en cahiers et reliés, le livre manuscrit remplace le rouleau (Civilis. écr., 1939, p. 50-8).
2. Ouvrage imprimé, relié ou broché, non périodique, comportant un assez grand nombre de pages. « Le mérite de mes livres », disait sérieusement un bibliophile, qui vient de vendre sa bibliothèque très cher, « le mérite de mes livres, c'est qu'ils n'ont jamais été ouverts » (
GONCOURT, Journal, 1885, p. 438). Sans retard, nous commençâmes à composer le livre de Fronfreyde. Ce nous parut un travail tout aisé, très bon pour les débutants, car c'était un livre de vers (DUHAMEL, Désert Bièvres, 1937, p. 129) :

1. ... des pièces adjacentes (...) également remplies, débordantes de livres. Pas âme qui vive. Silence. Rien que des livres. On était impressionné. Du parquet au plafond, en rangs serrés sur les rayons, en piles branlantes et de tous les formats, surtout des livres anciens aux belles reliures et des épais in-folio cousus dans leur parchemin...
CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 341.

Rem. En 1964, l'UNESCO a recommandé de n'employer le terme livre que pour des ouvrages comportant au moins 49 pages, pages de couverture non comprises.
P. métaph. Des bas-reliefs méplats d'une dimension prodigieuse (...); pages d'histoire démesurées, écrites au ciseau sur un colossal livre de pierre (
GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 226).
Livre + compl. déterminatif
Livre de cartes. Recueil contenant principalement des cartes géographiques. Synon. usuel atlas. (Dict.
XXe s.).
Livre de dessin. Recueil de dessins à compléter et à colorier, destiné aux enfants. Un ourson de peluche, (...) une petite boîte de crayons de couleurs, et un livre de dessin (
ROY, Bonheur occas., 1945, p. 269).
Livre d'images*.
Livre de musique. Recueil de pièces musicales. P. métaph. Cette langue fluide, voltigeante et rythmée, qui (...) fait du vocabulaire italien un livre de musique (
FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 237).
Livre de poche*.
Livre + adj. désignant la couleur de la couverture choisie pour une collection. Les livres roses à deux sous qui publiaient les contes tirés de Shakespeare (
BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 105). V. album ex. 5.
SYNT. a) concernant la fabrication et la présentation du livre. Composer, imprimer un livre; livre en feuilles, sous presse, en réimpression; brocher, relier un livre; caractères, format, maquette, mise en pages d'un livre; frontispice, titre, gravures, illustrations d'un livre; marges, pages (de garde) d'un livre; dos, plat, tranche d'un livre; livre doré sur tranche; couverture, jaquette d'un livre; coquilles, fautes d'un livre; livre défectueux; livre de luxe; beau livre; livre in-folio, in-octavo, in-quarto. b) concernant la vente et l'achat du livre. Diffuser, éditer, faire paraître, publier un livre; catalogue, collection de livres; livre ancien, neuf, d'occasion, rare; livre de collection; livre dépareillé, épuisé; amateur de livres; livre en souscription, à succès; caisse, rayonnage de livres; emprunter un livre.
3. P. méton. Le livre (souvent avec majuscule)
a) L'imprimerie et ses produits, l'édition. Foire du livre. Commerce, industrie, marché du livre. Cette civilisation du livre qui décline aujourd'hui (
HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 43). La journée d'action devait s'achever à l'imprimerie Chaix, à Saint-Ouen, occupée depuis près de cinq ans par les travailleurs du Livre (Le Monde, 28 août 1980, p. 24).
b) L'ensemble des personnes travaillant dans l'imprimerie, dans l'édition. Grève du livre. Je suis devenu correcteur, membre de la famille du livre (Le Matin, 30 janv. 1981, p. 11, col. 3).
B. [Le livre comme œuvre]
1. Ouvrage en vers ou en prose, d'une certaine étendue. Il [A. France] connaît tout des livres, papier, types (...). Sa vie le fait successivement libraire, bibliothécaire, juge des livres, auteur : il est l'homme des livres (
VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 31). Achevé hier le récit de mon voyage de Bordeaux à Lisbonne et commencé un livre de souvenirs qui sera sans doute une histoire de ma vie (GREEN, Journal, 1940, p. 12) :

2. L'ouvrage de M. Nisard est un livre; il se publie de nos jours bien des volumes; il y a peu de livres; il y a bien des assemblages faits de pièces et de morceaux, il est très-peu de constructions qui s'élèvent selon un plan tracé et sur des fondements qui leur soient propres.
SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 15, 1851-62, p. 207.

Au sing., à valeur coll. Le livre, la philosophie, la religion, sont les armes dont nos maîtres jouent pour circonvenir, assourdir, ahurir la pauvre monade électorale (J.-R. BLOCH, Dest. du S., 1931, p. 119). Il faut que le héros se modèle tout d'abord sur ces personnages surhumains qu'il a appris à connaître par le livre ou par l'écran (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 164).
P. méton.
Œuvre importante d'un écrivain. Les grands livres de l'humanité : Plutarque, Shakespeare, Balzac, Sainte-Beuve (
BARRÈS, Cahiers, t. 14, 1923, p. 246).
Sujet, contenu, histoire d'un livre. Le livre commence en juillet 1870. Poutillard vit dans une joyeuse société d'étudiants au Quartier Latin. Je te promets que cette partie de mon roman n'engendrera pas la mélancolie (
DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 98).
SYNT. a) concernant la rédaction du livre. Auteur, contenu, idées, matière, personnages, plan, sujet d'un livre; avant-propos, préface d'un livre; introduction, chapitre, conclusion d'un livre; citations, notes, remarques, table des matières d'un livre; livre posthume. b) concernant la nature ou la destination du livre. Livre d'algèbre, d'histoire, de physique, de théologie; livre de magie; livre de cuisine, de jardinage; livre d'imagination, d'aventures, de poèmes; livre d'art, d'étrennes; livre d'enfant; livre liturgique, pieux; livre élémentaire. c) concernant la lecture du livre. Analyser, résumer, traduire un livre; commencer, ouvrir, feuilleter, lire, parcourir, achever, finir, terminer un livre; compulser, consulter un livre. d) comportant un jugement de valeur. Censurer, critiquer, interdire, saisir un livre; dévorer un livre; livre courageux, neuf, original, stimulant; livre bien/mal écrit, ennuyeux, livre léger, obscène, osé; beau, grand livre; mauvais livre; livre défendu, à l'index.
2. Expr. et loc.
a) Expressions
Livre de bibliothèque. Livre qui mérite de figurer dans une bonne bibliothèque. Il ne serait pas mal, non plus (...) d'avoir quelques bons ouvrages de littérature. et ils en cherchèrent, fort embarrassés parfois de savoir si tel livre était vraiment « un livre de bibliothèque » (
FLAUB., Bouvard, t. 1, 1880, p. 15).
Livre de chevet*.
Vx. L'homme d'un seul livre. Homme borné et péremptoire, qui s'attache obstinément à une seule étude, à une seule idée. (Dict.
XIXe et XXe s.).
b) Loc. adv.
À livre ouvert. Facilement, couramment, sans avoir besoin de préparation.
[À propos d'un texte] Traduire à livre ouvert. Racine était un lecteur incomparable. À Auteuil, chez Boileau, Valincour l'entendit, un soir, lire l'Œdipe de Sophocle, à livre ouvert (
MAURIAC, Vie Racine, 1928, p. 175).
Au fig. Les gens comme nous peuvent lire dans le cœur l'un de l'autre à livre ouvert (
DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 181). J'étais presque gêné par ses yeux où j'avais peur qu'il ne me surprît à le lire à livre ouvert (PROUST, Prisonn., 1922, p. 226).
[À propos de musique] Accompagner, chanter, lire la musique à livre ouvert. Lorsqu'on entendit la belle Dinah jouant à livre ouvert sans exécuter la moindre cérémonie pour se mettre au piano, l'idée qu'on se faisait de sa supériorité prit de grandes proportions (
BALZAC, Muse départ., 1844, p. 66).
Vx. À l'ouverture du livre. En ouvrant le livre au hasard. Je suis tombé, à l'ouverture du livre, sur le passage dont j'avais besoin (Ac. 1835, 1878).
c) Loc. verb.
On ferait un livre de; il y aurait un livre à écrire (sur). Il y aurait matière à remplir tout un livre (de). Elle m'a raconté des histoires étonnantes sur les clochards du quartier, il y aurait un livre à écrire (
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 272).
N'avoir jamais mis le nez dans un livre. Avoir peu lu, être ignorant. (Dict.
XXe s.).
Être toujours (le nez) dans un livre, dans les livres. Être très assidu à l'étude. La Maheude (...) le traitait avec considération, en jeune homme qui la payait exactement, qui ne buvait ni ne jouait, le nez toujours dans un livre; et elle lui faisait (...) une réputation de garçon instruit (
ZOLA, Germinal, 1885, p. 1280).
Parler comme un livre (souvent iron.). Parler avec facilité et correction, mais de façon trop formelle :

3. ... si je dis que la matinée est radieuse, et que minuit sonne à l'horloge, je me trouve, il est vrai, parler comme un livre. Mais je ne l'avais pas dit pour [it. ds le texte] parler comme un livre. Je le dis parce que c'est vrai.
PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 94.

Il faut/il n'y a plus qu'à fermer le livre. L'essentiel est dit, il n'y a plus rien à ajouter. (Dict. XIXe et XXe s.).
Pâlir*, sécher* sur un livre.
d) MUS. Chant sur le livre. ,Plain-chant ou contre-point à quatre parties, que les musiciens composent et chantent impromptu sur une seule`` (
LITTRÉ). Le déchant était-il une harmonie écrite ou une harmonisation improvisée, appelée plus tard, chez les Français, « chant sur le livre »...? (COUSSEMAKER, Hist. harm. Moy.-Âge, 1852, p. 30).

 

3. Livre + adj. ou compl. déterminatif, emplois spéc

a) Domaine relig

RELIGION
Livre sacré, livre saint, livre révélé, saint livre. Livre contenant les révélations et les enseignements propres à une religion. Il [Michelet] vient de se plonger dans les livres sacrés de l'Inde et il en sort comme ébloui de soleil (GONCOURT, Journal, 1864, p. 27). Une révélation par laquelle s'exprime notamment le contenu sacré des livres saints, tels la Bible ou le Coran (NAUDON, Fr.-maçonn., 1963, p. 94). V. démoralisant ex. 2.
En partic., au plur. Synon. de Bible. Le meilleur « enseignement » que je puisse vous donner, c'est d'étudier les saints livres, de vous saturer de la Vulgate, de lire surtout le Nouveau Testament, du matin au soir (
BLOY, Journal, 1895, p. 206). On soutint (...) que les philosophes grecs avaient plus ou moins directement profité des livres révélés et leur devaient le peu de vérités qu'ils avaient enseignées (GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p. 27).
Livres apocryphes*, canoniques*, deutéro-canoniques*, inspirés*.
Gens, religions du livre. Croyants, religions qui se fondent sur des enseignements, des révélations consignés dans un livre (en partic. la Bible). Le Centre des religions du livre de l'École Pratique des Hautes Études. Diriger une Église en terre d'islam, à l'heure où la tendance y est, pour « les gens du livre » (juifs et chrétiens), à un rétablissement du statut de dhimmi (« protégés » jouissant de droits garantis mais limités) (Le Monde, 8 sept. 1981, p. 3, col. 5).
Livre de la loi*, livres sibyllins*.
PRATIQUE RELIGIEUSE
Livre de dévotion, de piété, de prières. Livre contenant des prières, des oraisons et servant aux exercices de dévotion. La littérature pouilleuse des livres de dévotion (
BLOY, Journal, 1895p. 179). Catéchismes et livres de prières firent leur apparition dans la maison et, l'un après l'autre, les enfants furent amenés à l'église de Saint-Andrew où ils furent baptisés (MAUROIS, Disraëli, 1927, p. 20).
Livre d'heures*.
Livre de messe. Livre contenant principalement l'ordinaire de la messe et les fêtes du temporal et du sanctoral. Synon. missel, paroissien. Des petites images de sainteté coloriées, qu'on intercale dans les livres de messe (
GONCOURT, Journal, 1886, p. 571).
b) PÉDAGOGIE
Livre de classe, classique, scolaire. Livre offrant un ,,abrégé de connaissances généralement limité à une discipline et à une classe d'âge`` (Éduc. 1979). Synon. manuel. Il ouvrit la serviette d'écolier qu'il portait sous son bras (...). Là se trouvaient des livres de classe et quelques cahiers (
GIDE, Faux-monn., 1925, p. 1001).
Livre du maître. ,,Document qui accompagne un livre scolaire et qui est rédigé à l'intention des maîtres, soit pour leur donner des conseils pédagogiques sur la façon d'utiliser le livre de l'élève, soit pour leur donner les réponses aux exercices proposés dans le livre de l'élève`` (Éduc. 1979).
c) Livre de prix*.
4. Livre + adj. désignant la couleur originelle de la couverture
a) Livre blanc, livre jaune. Recueil de documents officiels, relatifs à un problème politique, économique, diplomatique ou scientifique, destiné à permettre au lecteur de juger sur pièces. Ce que prouve abondamment et surabondamment le livre jaune, c'est que ça n'est pas nous qui avons voulu la guerre (
BARRÈS, Cahiers, t. 11, 1914, p. 120). Le livre blanc du Saint-Siège relatif à la séparation des Églises et de l'État (BILLY, Introïbo, 1939, p. 202) :

4. En Grande-Bretagne ni l'investissement ni l'innovation ne sont certes laissées aux seules initiatives privées (...) : des hommes-charnières bien informés et guidés par de bons « livres blancs » assument à cet égard des responsabilités nationales...
PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 557.

b) Livre noir
Ouvrage de magie, de sorcellerie. (Dict. XIXe et XXe s.).
Recueil de documents relatif à un problème particulier, publié dans une intention critique. Les diverses organisations regroupées au sein de la Jeunesse en plein air qui viennent de présenter un « livre noir » des conséquences « aberrantes » de cet « éclatement » du calendrier [des vacances scolaires] (Le Matin, 12 déc. 1980, p. 1, col. 4).
5. a) Au plur. Les livres. La lecture, l'étude (par opposition à la vie, à la réalité concrète, à l'expérience). Il n'avait, à dix-sept ans, vécu que par les livres; cette société mondaine et vive l'étonne (
GIDE, Journal, 1894, p. 52) :

5. Il existe encore, de par le monde, quelques esprits demeurés soupçonneux ou sceptiques en matière d'évolution. Ne connaissant que par les livres la nature et les naturalistes, ils croient que la bataille transformiste se poursuit toujours comme au temps de Darwin.
TEILHARD DE CH., Phénom. hum., 1955, p. 149.

Loc. verb. C'est, ça se passe comme dans les livres. Cela se passe d'une façon idéale et romanesque et non comme dans la réalité. Pourvu qu'on lui débite des paroles choisies, qu'elle ne comprend pas très bien, pourvu qu'on l'embrasse, qu'on se mette à ses genoux, que ça se passe comme dans les livres, enfin, ça lui suffit parfaitement (COLETTE, Cl. à l'école, 1900, p. 142).
b) Loc. adj. De livre. Qui appartient au monde de la fiction romanesque. Héros de livre.
6. Au fig. Ce qui offre une source d'enseignement, de connaissance. Le livre de la nature. Aimer, c'est là tout vivre; Le reste semble peu pour qui lit à ce livre (
SAINTE-BEUVE, Consol., 1830, p. 222). Je n'aime lire que les livres qui m'appartiennent : le livre de la vie, par exemple (RENARD, Journal, 1902, p. 758).
II. En partic. Subdivision d'un ouvrage, constituant ou non un volume séparé. Le mythe qui termine le
Xe livre de la République (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 237).
BIBLE. Une des parties de l'Ancien Testament. Livre de la Genèse, des Psaumes; livres des Rois. J'ai toujours aimé fraternellement ce Sisara dont l'histoire nous est contée au quatrième livre des Juges (
MONTHERL., Démon bien, 1937, p. 1237).
Livres historiques*, poétiques*, prophétiques*, sapientiaux*.
III. P. anal.
A. Cahier, registre servant à écrire, à noter quelque chose. V. casquette ex. 5.
1. a) Livre de comptes, de dépenses. Registre sur lequel on note ses comptes, ses dépenses. V. coin2 ex. 10.
b) Livre de raison (parfois livre de famille). ,,Journal tenu par le chef de famille qui inscrivait, avec ses comptes, les événements tels que naissances, mariages, etc., et ses propres réflexions`` (Ac. 1935). Ainsi, au cours du temps, se composait le Livre de Raison, manuel agricole, code moral à l'usage de la famille, qui marquait les étapes vers le but poursuivi : la pérennité du nom (
PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. X). Voici une note du livre de famille, écrite par son père à son sujet (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 97) :

6. ... il aperçut le livre de comptes sur la table, et se rasseyant d'un air sombre, il l'ouvrit machinalement. (...) il avait reconnu le livre [it. ds le texte] de raison de la famille, le vieux registre à couverture de parchemin où successivement Jean Thoiré et la tante Lénette avaient consigné les dépenses et les événements mémorables de la maison.
THEURIET, Mais. deux barbeaux, 1879, p. 143.

c) Livre d'or
Registre où étaient inscrits en lettres d'or les noms des nobles dans divers États et particulièrement dans la République de Venise; sous la Restauration, registre contenant les noms des pairs de France. Il oublia et la Grande-Bretagne, et son nom inscrit sur le livre d'or de la noblesse, et ses châteaux du Lincolnshire (GAUTIER, Rom. momie, 1858, p. 173).
Registre destiné à recueillir les signatures et les commentaires des visiteurs. Ce Hollandais, tout poils roux, cordialité, jovialité à l'allemande, gardait un livre d'or pour des visiteurs mondiaux, dans sa maison (
BLANCHE, Modèles, 1928, p. 219) :

7. Le livre d'or du Matterhorn était resté ouvert sur les inscriptions triomphantes des derniers vainqueurs de la saison, et leur pitié : « Comme le monde serait beau si on le comprenait! »
« Ex altitudine montium ». « Tout seul! »
« Solvitur in excelsis ».
PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 255.

Registre où l'on consigne des noms illustres, des faits mémorables. Au fig. Tradition qui perpétue ces noms, ces exploits. Le livre d'or de l'automobile, de l'aviation.
En partic. Livre d'or (parfois livre d'honneur). Registre d'un établissement scolaire où sont recopiés les meilleurs devoirs des élèves. Il était le seul à avoir passé son premier bac avec la mention Bien, ses devoirs de philo étaient recopiés au livre d'honneur (
MONTHERL., Ville dont prince, 1951, I, 1, p. 855). J'accordai donc toujours beaucoup de soin à mes « compositions françaises » si bien que j'en recopiai quelques-unes sur le « livre d'or » (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 71).
d) Livre d'écrou*.
2. Spécialement
a) DR. COMM. Livre de commerce, comptable et p. ell. livre. Livre ou fiches de comptes tenu(es) par un commerçant ou une entreprise. Livre d'inventaire; livre des arrivages, des commandes, des expéditions; livre de paye; livre journal. Un homme méticuleux et scrupuleux (...) épris de balances exactes, de livres bien tenus, de comptabilités ordonnées et claires (
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 28).
DR. PUBL. Grand livre, grand-livre (de la dette publique). V. grand(-)livre.
DR. RÉGION. Livre foncier. Registre officiel des parcelles cadastrales en Alsace et Moselle.
b) ÉLEV. Livre généalogique. Registre sur lequel sont enregistrés les pedigrees des animaux reproducteurs d'une race. Achat de géniteurs inscrits au livre généalogique de leur race (Qq. aspects équip. agric., 1951, p. 23). Des livres généalogiques ont été élaborés pour établir la descendance d'individus d'élite : taureaux (...), chevaux (...), béliers (...) (
WOLKOWITSCH, Élev., 1966, p. 78).
c) HIST. Livre rouge. Registre, relié en maroquin rouge, sur lequel étaient inscrites les dépenses secrètes de la Cour sous Louis XV et Louis XVI. (Dict.
XIXe et XXe s.).
Loc. verb. fig., vieilli. Être (inscrit) sur le livre rouge. Être voué à la réprobation publique pour une faute que l'on a commise (Dict.
XIXe et XXe s.).
d) MARINE
Livre de bord. ,,Livre sur lequel le capitaine est obligé de noter tous les incidents de la navigation`` (
BARR. 1974). Synon. journal de mer.
P. anal. Journal sur lequel sont régulièrement notés différents événements et les réflexions qu'ils inspirent. Synon. journal de bord. Je n'ai pas déménagé depuis plus de quatre ans. (...) j'ai consulté mes livres de bord et même mon journal intime. Quatre ans! (
DUHAMEL, Cécile, 1938, p. 24).
Livre de discipline. Livre sur lequel le capitaine note les infractions des marins, les crimes et les délits commis à bord. (Dict.
XIXe et XXe s.).
Livre de loch. Journal de timonerie.
P. anal. Je retourne à mon livre de loch, comme disait Byron (
BARB. D'AUREV., Memor. 1, 1837, p. 152). Dans ce livre de loch que tu tiens, Olivier, Comme un navigateur qui va vers les surprises (COPPÉE, Poés., t. 2, 1865-1908, p. 143).
B. Au fig. Registre symbolique sur lequel sont inscrites des personnes.
[P. réf. à l'Apocalypse 13, 8 et 17, 8] Livre sur lequel sont inscrits les élus. Livre de vie. Cette couronne était le signe du martyre. Et en effet cette reine et le chevalier Porphyre étaient déjà inscrits au livre des récompenses éternelles (
FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 46).
Livre du destin, des destinées. Livre sur lequel seraient inscrits les arrêts du destin (à propos d'événements où l'on croit voir quelque fatalité). La caste, institution essentiellement transitoire, fut donc en son temps un progrès (...). Mais déjà le livre des destinées se referme (
PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 456). La victoire à ses yeux était inscrite sur le livre du destin (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 206).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) ) Ca 1100 « assemblage d'un assez grand nombre de feuilles portant des signes destinés à être lus » (Roland, éd. J. Bédier, 610); ) 1478 livre d'impressure (Doc. ds
WOLF (L.) Buchdruck, p. 221); 1488 livre d'impression (Doc., ibid.); ) 1680 livre de musique (RICH.); ) 1821 absol. le livre « l'imprimerie et ses produits » (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 2, p. 16); b) 1580 « œuvre, ouvrage de l'esprit » (MONTAIGNE, Essais, II, 10, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 415); 2. a) 1588 les livres « la lecture, l'étude... » (MONTAIGNE, Essais, III, 3, p. 827); b) 1606 parler livre « parler savamment » (RÉGNIER, Satire, VII, 117 ds Œuvres compl., éd. G. Raibaud, p. 77); 1665 parler comme un livre « id. » (MOLIÈRE, Don Juan, I, 2); 1690 id. p. iron. (FUR.); c) 1673 chanter à livre ouvert (MOLIÈRE, Malade imaginaire, II, 5); 3. 1636 p. métaph. « ce qui peut être déchiffré, interprété comme un texte » (CORNEILLE, Illusion comique, I, 1 : nos destins sont des livres ouverts); 1637 livre du monde (DESCARTES, Discours de la méthode, I, 14 ds LITTRÉ). B. XIIIe s. [ms.] « subdivision d'un ouvrage » (BENOÎT DE STE-MAURE, Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, t. 1, p. 64, note). C. 1. a) 1552 [éd.] livre de raison (COTEREAU, Les douze livres de Columelle, p. 41); b) 1598 « cahier, registre sur lequel on peut écrire, noter quelque chose » (CANAL, Dittionario italiano-francese ds FEW t. 5, p. 297a); c) dr. 1675 livre extraict (J. SAVARY, Le Parfait négociant, livre 2, p. 7); d) mar. 1687 livre de bord (ISAMBERT, Recueil gén. des anc. lois fr., t. 20, p. 26, § 9); e) livre d'or ) 1740 « registre où sont inscrits les noms des nobles Vénitiens » (Ac.); ) 1928 « registre destiné à recueillir les signatures et les commentaires des visiteurs » (BLANCHE, loc. cit.); ) 1931 « livre où sont inscrits les noms héroïques ou des faits dont on veut perpétuer la mémoire » (Lar. 20e). Empr. au lat. liber, signifiant proprement « partie vivante de l'écorce » [sur laquelle on écrivait autrefois] et p. ext. « ouvrage; division d'un ouvrage; recueil ». Pour livre de raison, cf. aussi le lat. liber rationis. Fréq. abs. littér. : 27 715. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 35 262, b) 47 893; XXe s. : a) 41 623, b) 37 080.