MODULE No 24

Titre : Quelques questions à partir d’un voyage en avion

But : Montrer avec un petit exemple concret quelques erreurs de conception des IPM.

Antécédents : Module 23

Corps :

 

Voici ce qui apparaissait sur l’écran d’un avion d’Air France quelques minutes avant l’atterrissage :

 

Vitesse                        423 Km/h

Altitude                      2112 m

Température               - 25 C

Parcourus                    5120 Km

 

En le regardant je me posai ce genre de questions :

  • Pourquoi ces quatre grandeurs ? Pourquoi pas d’autres ?
  • Pourquoi en bleu ?
  • Pourquoi pas de son ?
  • Pourquoi pas d’images ?
  • Pourquoi en français et en anglais ?
  • Pourquoi pas de clignotements ?
  • Pourquoi pas afficher les Km qui manquent comme il avait été fait tout au long du trajet ?

 

 La réponse à ces questions est plus ou moins facile.

 

J’imagine que l’affichage est là pour satisfaire la curiosité du voyageur et pour le rassurer en considérant que le moment de l’atterrissage est un moment très dangereux. Pour ne pas l’angoisser, il est donc impératif de ne pas faire des erreurs d’affichage.

 

Le concepteur de cette interface a dû considérer le type d’utilisateur (pratiquement n’importe qui… n’importe qui veut/doit voler). En ce qui concerne la « tâche » de l’utilisateur, il ne s’agit que de rester assis et d’attendre l’arrivée avec le moins d’angoisse possible.

 

Le concepteur du logiciel du Boeing (car il s’agissait d’un Boeing) a dû considérer le problème de personnalisation pour les différentes compagnies aériennes et le fait que ces valeurs peuvent aussi servir (doivent surtout !) au pilote humain et au pilote automatique…

 

L’affichage s’éteint quand l’avion est à 700 m d’altitude.

 

Pourquoi ?

 

Aucune idée. (sur d’autres avions l’affichage continue jusqu’au moment où l’avion atterrit, aujourd’hui sur ceux d’Air France aussi. Mais peut-être que cela ne dépend pas de la compagnie aérienne mais du type d’avion.)

 

Toutes les données semblent varier en temps réel de manière continue, excepté l’altitude qui change en faisant d’énormes sauts (ce qu’heureusement ne fait pas l’avion). Pourquoi ? Voici une question à laquelle je vais essayer de répondre.

 

Quelle peut être la réaction des voyageurs devant un système où toutes les mesures changent et où celle qui fait plus peur (l’altitude) se « comporte » de manière si difficile à saisir ? Il a l’impression de descendre mais l’affichage est immuable ! Il a l’impression que l’avion ne descend pas et l’affichage change d’un grand nombre de mètres ! Tout cela est bien étrange.

 

J’ai commencé à me poser des questions (et à me préoccuper légèrement). La première question que je me suis posée était la suivante « Est-ce que les voyageurs voient une partie de ce que les pilotes voient ? » Si oui, comment les pilotes peuvent-ils contrôler la position ? Si non, pourquoi affiche-t-on des données différentes ? Peut-on se fier à ce que l’on nous montre ?

 

Je n’avais pas de réponse à ces questions qui étaient nées pour répondre à une autre question.

 

Note Quand on répond à des questions par des questions, parfois il s’agit d’une fuite, parfois d’un approfondissement. Généralement ce n’est que celui qui répond avec les questions qui sait s’il s’agit de fuite ou approfondissement. Fin de la note

 

J’ai par la suite essayé de voir s’il y avait une loi dans l’affichage des changements d’altitude. Je me suis aperçu que l’affichage changeait à tous les 152 mètres.

 

Étonnant, que je me suis dit.

 

Étonnant jusqu’au moment où je me suis aperçu (cela a pris quelques minutes) que 152 mètres était égal à 500 pieds. Quand je me suis aperçu de cela je me suis dit qu’il n’y avait rien d’étonnant : 500 est une valeur psychologiquement « significative ». Les concepteurs de l’IPM (ceux qui sont concernés par la psychologie des utilisateurs) n’ont pas pensé que même si l’avion avait été fabriqué aux États-Unis, il pouvait être acheté par des compagnies qui, depuis la Révolution française, ont adopté les unités métriques et pour lesquels 152 est un drôle de chiffre. Des sauts de 10, 30, 100… ont une certaine logique, mais 152… . On peut, peut-être, être charmé par le fait que 152 est divisible par 19, mais, il faut l’admettre, cela n’est pas d’une très grande utilité psychologique pour ceux qui n’ont aucun intérêt pour le dernier nombre premier qui précède 20.

 

Ayant compris l’erreur de conception de l’IPM, j’étais plus tranquille et je me suis dit : « voilà une interface mal faite qui me permettra de faire des considérations dans mon cours d’IPM ! ». Mais, dès que j’ai fini de me dire cela, j’ai frissonné en pensant : « Il est à souhaiter qu’il n’y a pas d’erreurs si graves dans la conception du logiciel car je risque de ne pas pouvoir en parler dans mes cours de programmation ! »

 

Et les autres voyageurs ? Ont-ils eu les mêmes réactions ? Je ne sais pas, mais il est fort probable que la majorité n’ont pas essayer de comprendre la tuyauterie qu’il y avait derrière le 152.

 

Conséquent : Avoir en tête un exemple qui montre une erreur de conception d’IPM dans des systèmes qui seraient censés ne pas en avoir.

Note 01 :