« L’ourlet de ta robe est décousu, Aline », dit la sœur du personnage principal à la fin du

premier paragraphe du livre. Dans le deuxième paragraphe, Aline commente ainsi la phrase que sa

sœur vient de lui dire : « C’est pourtant la phrase parfaitement anodine mais qui me pénètre comme la pointe d’un ciseau, me déchire la peau, remue dans la plaie avec un bruit d’os broyé effrité ». Si vous n’êtes pas un maniaque, ce commencement suffit pour vous faire jeter le livre sur une tablette en attente de la prochaine vente de garage. J’en ai eu la tentation, mais j’ai résisté. « C’est un début maladroit, fais-lui confiance », je me suis dit. J’ai donc commencé à le feuilleter, avec tendresse, en

espérant trouver un paragraphe ou une simple phrase qui démontrât qu’on peut obtenir un ensemble décent même si le début est catastrophique. « Marc m’ouvre la porte en peignoir ; il fait peigne à voir. » Aïe ! Aïe, Aïe ! Continuons : « Je porte une transparence en voile de tulle, sous laquelle je suis nue, nulle. Nikô me dit de me caresser. Je le fais. J’entre sous la transparence où je me transcaresse ». Décidément il me les transcasse ! Encore une tentative : « À l’écran, les yeux de Coyote se brisent, le générique défile, et quand je pars Marc psycoyote au fond du canapé. ». Je feuillette, je feuillette… platitudes, platitudes… érotisme de haut étage, pauvreté dans le langage et jeux de mots sans charme. M. Jones-Gorlin, priez Ducharme pour qu’il vous donne quelques conseils pour ne plus écrire de livres pareils.

P.S.

Je dois confesser que j’ai acheté ce roman parce qu’il était à cinq dollars. Toutes les fois que je veux

épargner, je le paye cher.