Ovidie. Dans le film Le Pornographe elle ne m’avait pas particulièrement impressionné mais quand j’ai lu son livre[1] qu’un ami m’a donné en me disant « il est nul », j’ai eu une révélation.

Elle est solaire.

Le livre est un collage de vérités simples[2], sans prétention, pimentées par une conscience politique difficile à imaginer chez une fille de vingt et un ans qui fait du porno.

Vérités qui ignorent le ressentiment. Les seules qui comptent.

Difficile à imaginer une telle splendeur par des gens coincés, comme moi, comme mes amis et mes amies, comme la majorité des gens que la morale épaissit.

Elle fait partie de la minorité.

De la minorité dans la minorité.

De la minorité dans la minorité de la minorité qui sait de quoi elle parle.

Elle parle de son art avec la fierté d’une femme consciente que la force des femmes ne vient pas seulement de la tête, pas seulement du cœur et pas seulement du cul. À mille lieues des Breillat, des Angot et des Millet, à des années-lumière des Sollers et des Bataille qui, malgré leurs efforts, se contentent (ou se contentèrent) de patauger dans les minuscules étangs offerts à vil prix par la société du spectacle.

Elle a la force de l’âge, la beauté du cul, la magnificence de l’intelligence, la haine de l’hypocrisie.

Elle est contre.

Très contre.

Contre la société du spectacle, contre la société moralisatrice, contre la société macho. Elle est contre un féminisme de consommatrices, contre une révolution fondée sur la morale, contre une pornographie de l’exploitation.

Elle est pour.

Très pour.

Pour tout ce qui n’endigue pas la force barbare de la vie, pour ceux qui luttent dans un monde que l’argent s’efforce de plier à ses règles mortes.

Elle est.

Belle.

 



[1] Ovidie, Porno Manifesto, Flammarion 2002.

[2] Une seule phrase est terriblement fausse « Les chiens aboient seulement contre ceux qu’ils ne connaissent pas », mais ce n’est pas une phrase d’Ovidie, elle est tirée d’Héraclite, un philosophe qui n’a pas l’air de bien connaître les chiens.