Elle. Valérie Toranian, la directrice de la rédaction d’Elle, vient de publier son premier livre : Pour en finir avec la femme. Avant de l’acheter j’ai lu l’espèce de manifeste en forme de dédicace qu’elle met en exergue. Plus ou moins inspirant, mais c’est « [les femmes] qui en ont marre d’être coupables. Et encore plus victimes » qui m’a convaincu. Et, ça valait la peine.

Un livre léger, agile et qui fait repenser. Surtout le rapport au pouvoir, des hommes et des femmes. « Être féministe aujourd’hui pourrait s’illustrer simplement dans l’investissement encore plus poussé des femmes au cœur de l’entreprise, au cœur de la société civile, au cœur du politique. À condition de briser le tabou du pouvoir. » Banale, mille fois entendu ? Pour certains hommes — pour certaines femmes aussi — une mille et unième fois, ne fait pas mal. Le voile est aussi un enjeu de pouvoir, entre pères et frères et les jeunes filles-sœurs voilées de soumission. Mais pas seulement. Le voile est aussi une protection qui permet de prendre la parole et de s’attaquer au pouvoir. « Ces femmes qui se disent féministes de l’Islam, risquent bien un jour d’envisager le féminisme, au-delà de leur pratique religieuse, comme une intéressante perspective de dépassement de leur condition. » Ça aussi on l’a déjà entendu. Mais ce qui me semble intéressant, c’est que ce soit la rédactrice en chef de Elle qui l’affirme. Que la rédactrice d’une revue de mode écrive de telle chose a sans doute plus d’impacts que ce qu’écrivait la Simone de Sartre. Et s’il n’y avait pas eu Simone ? C’est vrai. Mais les lectrice de Elle sont plus nombreuses et certainement plus dans… dans… dans ce qui bouge que la majorité des lettrées qui lisaient Le deuxième sexe. Et à propos de sexe « le sexe pourrait être le lieu où se désapprend le plus sûrement la domination masculine… » Ça aussi on l’a déjà entendu. Mais qu’est qu’on n’a pas entendu ?