8 mai 2000. Président américain. Après une visite à la Maison Blanche, Marlène Dietrich sort de son sac, devant sa fille et son beau-fils, une petite culotte mouillée du sperme de J.F. Kennedy. Revanche allemande, féminine et maternelle, facile et nécessaire. L’histoire ne nous a pas encore dit si Kennedy avait des fioles (petites) remplies de cyprine. J’en doute. En tout cas, certainement pas de celle de Marlène.

 

Président russe. Poutine est le deuxième président démocratique russe. Les journaux soulignent sordidement son appartenance au KGB. Et Bush ? Lui, il héritera du trône. Comme avant 1917 ou avant 1789.

 

9 mai 2000. Confiance. « Tais-toi », même sans « et sois belle » est la pire offense qu’on puisse faire à un humain. Mandement royal émis à Barcelone en 1263 : « Vous ferez en sorte de presser les Juifs (…) pour qu’ils vous présentent et vous remettent tous les livres qui sont appelés Soffrim, composés par un certain Juif du nom de Moïse fils de Maymon l’Égyptien (…) parce qu’ils contiennent des blasphèmes envers Jésus-Christ. Ils feront cela sans tarder et sans opposer aucune difficulté, aucune excuse ne pouvant être retenue. Ces livres, peu de temps après, vous les brûlerez en public (…) » Connu. Mackinnon veut censurer la pornographie car « a stiff prick turns the mind to shit ». Connu. Unique commandement de toute inquisition (libérale, néo-libérale, post-libérale ou crypto-libérale, catholique, luthérienne calviniste ou baptiste, musulmane — talibane ou komeinienne ou Aga kahnienne—, indoue, écologiste, new-age ou fasciste, marxiste, anarchiste, féministe, machiste ou je-m’en-foutiste) : dans les autres, confiance tu n’auras point. En toi non plus. Surtout. À cela la psychanalyse aura bien contribué, malgré elle, sans doute.

 

Changements ? Ken Livingstone est le nouveau maire de Londres. Un coup pur pour Blair. L’année prochaine, aux élections nationales, si Blair n’est pas élu, ce sera le tour d’un conservateur. En Angleterre, comme un peu partout, on est passé maître en changements qui ne changent rien. Voyez-vous une différence entre le labouriste Blair et la conservatrice Thatcher ? Le sexe ?… Vivent les conservateurs !

 

10 mai 2000. Pas de dés. À Broadway, un œuvre qui met en scène des dialogues entre Bohr et Heisenberg à propos de la mécanique quantique. Du jamais vu : principe d’indétermination, équation de Schrödinger, fonctions de densité de probabilité, constante de Planck. Du sérieux. Pas le dieu galvaudé d’Einstein avec ses dés.

 

Tricherie ? Les hommes voient la planète Venus toujours de la même grandeur, ce qui a donné des maux de tête à bien des gens au début de la science moderne. Pourquoi ses dimensions ne variaient-elles pas en fonction de la distance ? Voilà que les Aristotéliciens pouvaient coincer Galilée et ses copains. Mais heureusement on avait le télescope et on a pu voir que Venus était plus dodue quand elle était plus proche. Pourquoi se fier plus au télescope qu’à ses yeux ? Et si dans le télescope, comme dans l’échiquier rendu célèbre par Benjamin, il y avait une supercherie ? Pas de panique. Il est facile de démonter un télescope et de constater qu’il ne contient que des verres. Ceux qui ne croyaient pas à la science durent se convertir. Ce fut facile.

 

Si on a accès à un accélérateur de particules (et si on est physicien, c’est plus facile) on peut voir la toute dernière particule subatomique. Tous voient la même chose. Tous voient les traces affichées par des machins hyper complexes et informatisés. Et si dans ces machins, comme dans le célèbre échiquier, il y avait une supercherie ? Pas de panique. Il faut croire les savants qui nous disent qu’ils n’y a ni gnome caché ni erreurs dans les programmes. Il faut surtout que les savants croient aux savants. Comme les prêtres aux prêtres. Et de quel droit ne pas leur faire confiance : ils envoient des hommes sur la lune, ils clonent des vaches, ils créent des tomates sans pépins et des pépins sans tomates… On n’a pas le choix, il faut leur faire confiance. Il semble que dans une vie un individu ait trois cent tonnes de confiance à dépenser et que cette quantité a varié seulement de 0,001 % en 10 000 ans. Au XXe siècle seulement 0,1 % de la confiance a été dépensée dans les rapports quotidiens avec les amis et les connaissances. Et le reste ?

 

Encore à propos de tricheries. Est-ce que ces particules existent vraiment ? Est-ce que Vénus existe encore ?

 

11 mai 2000. Slogan. Le slogan choisi par la communauté européenne : Unité dans la diversité.

 

Giorgio Caproni :

Vide des mots

dans le vide creusant des vides

Monuments de vide.

Et le trop plein des couilles qui tournent à vide. Claudio Hoxha un jeune enfant albanais a été violé et tué en Italie par un copain plus âgé. On a tout. Tout pour s’indigner. On va donc interroger la sexologue de service qui, après nous avoir dit que dans le 90 % de ces cas-là le danger ne provient pas des étrangers mais des amis et des familiers, ajoute qu’il faut expliquer aux petits enfants qu’il y a « des parties du corps, comme les organes génitaux, que lorsqu’ils seront adultes, appartiendront à la personne qu’ils auront choisie comme compagnon. Et que personne, même les personnes de la famille, n’ont le droit de les toucher ». Rien à ajouter. Vive la confiance !

 

Acceptation. Dialogue entre une élève et le professeur avec vingt et un points de suspension et un point final (dans un cours universitaire sur la science et la société où il était question de liberté d’expression, de tribunaux et de confiance en soi).

    Mon gynécologue m’a demandé de… Il était dans une situation de… pouvoir…

    Vous auriez pu lui répondre ironique… lui donner un coup de… pied dans les…

    Sans doute… j’aurais pu… il y a des situations où… on est… faible…on n’a pas envie de… lutter… on a peur…

    Si on est si… faible qu’on ne peut pas… réagir… il faut…peut-être…accepter ce que…

    Je ne comprends pas…

    Ça… ne fait rien.

 

12 mai 2000. Objet d’étude. Les sexologues comme les physiciens, les informaticiens, les journalistes, les professeurs de littérature, les voleurs, etc. ont un objet d’étude qui les forme et les informe. Même quand ils semblent ne pas être d’accord, ils sont unis dans la lumière de leur objet qu’ils sont obligés (économie et carrière obligent) de magnifier. Et, pour le progrès scientifique, il y même ceux qui peuvent inventer leurs objets (l’inconscient de Freud et le sexe de je ne sais plus trop quel puritain dépravé).

 

Pauvres. Freud, à propos des coûts de la thérapie et de l’exclusion des pauvres : « Il n’y a pas beaucoup de choses à dire à ce propos. L’assertion, assez répandue, selon laquelle ceux qui sont obligés par les difficultés de la vie à un travail dur ont moins de tendances à avoir des névroses est sans doute justifiée. » Toujours sur la même lancée, il dit que « dans la vie il n’y rien de plus cher que la maladie et la stupidité ». La maladie pour soi et la stupidité pour les autres. Gare aux stupides malades. Mens sana in corpore sano, ou, son image spéculaire, corpus sanus in mente sana ?

 

13 mai 2000. Colonialisme. « Les farmers blancs qui ont tranquillement vécu avec la majorité noire au Zimbabwe sont maintenant tués ». Ce n’est pas n’importe quel journal qui écrit cela. C’est « Il Manifesto » un journal qui ne devrait pas avoir d’intérêts colonialistes. Et au Sierra Leone ? Les noirs s’entretuent pour des diamants.

 

Changement. Chez nous, tout est plus simple. Par exemple : à Londres, Blair a une femme et attend un bébé et à New-York Giuliani a une maîtresse et un cancer. Et dans l’au-delà ? Dans l’au-delà, où il n’est jamais arrivé, Giorgio Caproni :

 

Je suis retourné là

Où je n’avais jamais été.

Rien de comment ce fut, n’est changé.

Sur la table (sur la nappe

À carreaux) à moitié

J’ai retrouvé le verre

Jamais rempli. Tout

Est resté comme

Jamais je ne l’avais laissé

 

14 mai 2000. Fêtes des mères. Marche d’un million de moms contre les armes à feu aux États-Unis.

 

Animaux. Segolène Royal propose de modifier la loi française qui permet de mettre au monde anonymement (comme les animaux) pour que l’enfant ne puisse plus retrouver sa mère. Loi divine. Loi du père, pour les filles libérées de la critique maternelle. Loi divine, pour les hommes qui peuvent simplement, sans complexes, suivre les traces d’Œdipe. Jacques le fatraliste, devrait lui envoyer un signifiant (à Segolène). L’enculager à fermer cette faille dans l’œdipe.

 

Pauvres mères. Les mères qui bâtissent des enfants qui sont « bien pour eux-mêmes » les font « pas bien pour les autres ». Condamnées les mères. Par les filles. Par les mères, des autres.