20 août 2001. Ignorance et neige. Qui ignore que nous avons quinze manières différentes de dire « neige »[1] ? Personne. Cela a tellement frappé les savants occidentaux qu’ils s’en sont servi pour appuyer leurs théories à la mord-moi le gueux où le mot est roi, la parole reine et où ce couple éphémère croit imposer ce que la réalité est. Pour renforcer encore plus les tenants du régime motocrate j’ajouterais qu’à Pond on a en dix-sept[2]. Si j’aimais théoriser comme certains de mes amis montréalais, je fonderais une nouvelle école de pensée autour de la pauvreté du concept d’ignorance dans les langues occidentales[3]. La grundfrage serait la suivante : comment est-il possible que dans un monde fondé sur l’ignorance on ait si peu de mots pour l’exprimer ? Si on veut se limiter au français et prendre les synonymes d’ignorance du Grand Robert on en trouve dix-neuf[4], ce qui n’est rien par rapport à l’importance du concept. Dix-sept manière de dire neige et dix-neuf pour dire ignorance ! comme si les Esquimaux vivaient autant dans la neige que les occidentaux dans l’ignorance. Dix-neuf, ce n’est rien surtout si on considère que bien des synonymes ne sont que des lointains cousins : naïveté, lacune, béjaune, inexpérience — je trouve que le seul synonyme vraiment intéressant est amathie (ignorance de quelque chose de simple, pressenti comme provisoire). Mais, à bien y réfléchir, puisque tout dans la vie est provisoire, on ne comprend par très bien la nécessité d’amathie si ce n’était pas du point de vue esthétique, pour la beauté de son son. Pour montrer la pauvreté de l’ignorance, imaginez que vous voulez parler de l’ignorance des journalistes qui ne sont que des amplificateurs d’événements certifiés. D’une ignorance qui salit des feuilles à longueur d’année. Aucun mot ? Vous voyez ! Et pourtant elle rend tous les jours un peu plus mous les lecteurs déjà pas mal mous. Vous pensez qu’on peut toujours qualifier l’ignorance avec un épithète ou qu’on peut employer une périphrase ? Ce n’est pas la même chose. Ce qui importe, comme disent les motocrates c’est le mot : nous aussi, nous avons un million de manières pour caractériser la neige, mais seulement dix-sept avec un seul mot. Pour l’« ignorance » des journalistes je propose d’introduire Chprloufffff (difficile à prononcer ? Mes le son des cinq « f » ne vous fait-il pas penser à quelque chose de très proche de ce genre d’ignorance ?) Et l’ignorance hypocrite à la Socrate ? Ignomisie. Et celle des experts qui nous expliquent à la télé les pourquoi qu’ils ignorent ? Pourquitude ? Et l’ignorance des jeunes qui ne se laissent pas embrigader par le cynisme, l’indifférence et la stupidité des vieux ? Foutoir ? Et l’ignorance de la vie (dans le sens de ne pas connaître la vie, ce qui est logiquement impossible) ? Ignomivie ? Et l’autre ignorance de la vie, celle qui appartient à la vie, qui est au fondement de la vie ? Ignivie ? Et celle… je pourrais continuer toute ma vie et ignorer toutes les autres activités qui rendent la vie vivable. Ce serait une Limitance.
21 août 2001. Comme d’habitude Le Devoir ne nous épargne pas les lieux communs les plus insipides : « Les armes à feu constituent l’outil le plus dangereux de tous les temps ». Pourquoi ne pas parler des armes à fous ? Des vrais fous, bien sûr. Ceux qui sévissent dans les écoles et qu’on appelle professeurs, ce qui siègent oisifs dans les parlements, ceux qui croient diriger des entreprises et se font diriger pas l’argent, ceux qui ricanent à l’ombre de dieu. Tous ceux qu’on nomme « responsables ». Tous ceux qui croient être responsables.
22 août 2001. Drogué I. Ils demandent 700 000 $ pour la mort de leur fille qui avait été assignée à une famille d’accueil quand elle avait trois ans, alors qu’elle était incapable de parler et de marcher (elle passait tout le temps au lit). Ils étaient cocaïnomanes. Je comprends très bien leur requête s’ils continuent à sniffer (on dit que la cocaïne coûte très cher), mais je ne les comprends pas s’ils ne se droguent plus — à moins que les dollars qu’ils demandent pour « perte de jouissance de la vie et détresse » ne soit le magot qui leur permettra de reprendre à tirer par le nez. Si j’étais le juge, je leur donnerais 700 000 coup de pieds au cul — ce qui donne, au rythme moyen de un coup à toutes les quatre secondes, 777 heures de coups de pieds. Voilà comment trouver un travail qualifié de quatre mois, à temps plein, pour un jeune enragé (et en forme).
Drogué II. Il a été tué dans une manifestation à Gênes. Pour avilir la frange « violente » de la contestation l’Espresso, insiste sur le fait qu’il était drogué. Ce magazine est encore plus bête que la droite bête de Berlusconi-la-bête, contre qui il dit lutter. Les « drogués » n’ont pas le droit de protester ? Doivent-ils se contenter de la protestation silencieuse des seringues ? Ça fait mal la botte !
Drogué III. Le garçon a treize ans et la fille dix. Ils sont venus passer un mois au Canada, avec leur père, pour voir les Indiens. Ils habitent un village de deux mille âmes en Toscane. Un soir je leur raconte l’histoire d’O. Une fille très propre, « la fille la plus propre que je connaisse », je leur dis « qui a écrit un livre sur la drogue ». Un fille qui s’est droguée. « Est-ce vrai ? », demande le garçon. « Bien sûr, on ne peut pas écrire à propos de ce qu’on ne connaît pas », lui répond O. Ils sont curieux. O. leur explique qu’il y a plein de drogues différentes et que la marijuana et l’héroïne, même si elles portent le nom de drogues, sont très différentes. Une baleine et un chat ne sont-il pas des mammifères ? Et pourtant les baleines ne ronronnent pas à côté de la télévision. Je m’adresse à la petite Sara qui a l’air un tantinet perdue :
— Tu vois, Sara, un femme peut être droguée et propre.
— Elle est une exception.
Après cette belle répartie, j’ai raté une occasion de me taire.
— Exceptionnelle, mais pas une exception.
— Je ne comprends pas.
Je ne savais plus quoi dire. Le vieux con qui, malgré les coups de pieds aux tibias que je lui donne continuellement, somnole dans un coin de mon âme parla à ma place ; « Un jour tu comprendras ».
23 août 2001. Églises. J’ai beau être contre la religion, mais quand je lis que d’ici cinq ans on va transformer en appartements cent églises montréalaises, j’ai des frissons. Pourquoi ? Certainement pas parce que j’y vois un signe de perte de valeurs (ou de sens) de ce point de vue je crois qu’il n’y a pas plus de valeurs dans les églises que dans les tavernes, les prisons ou les lycées. Ce qui me donne la chair de poule c’est d’imaginer la pauvreté esthétique de ces églises. Pendant deux mille ans les chrétiens ont bâtit des églises « belles » en l’honneur de Dieu. Vint la protestation, vint la vague du rapport direct à Dieu, vint la simplicité, l’importance des « choses profondes » et lentement nous perdîmes la capacité de construire de belles choses inutiles, superficielles. Profondes.
C’en sans sens. Je
m’étonne du comportement des gens seulement quand ceux-ci s’étonnent du
comportement des autres gens. Je m’attends toujours du n’importe quoi de la
part d’autrui (autrement ils ne seraient que des machines, ou moi Dieu). Par
contre je m’étonne beaucoup de la langue, surtout de ma deuxième, le français.
C’est là que je vois comment l’habitude et la paresse dominent désinvoltes.
Prenons une expression simple comme « Sans dessus dessous ». Pas de
quoi fouetter un chat, une expression simple et connue. Et puis un jour je
découvre que Balzac écrit
« C’en dessus dessous » et que « l’orthographe cen dessus
dessous est seule satisfaisante »[5]…
Il semble qu’il y a eu beaucoup de confusion entre « sens » et
« sans » ce qui me permet de ne pas m’étonner lorsque j’entends
parler de monde sans sens… ils veulent probablement dire sans
« sans »… Ça doit être des riches !
Confiance. J’ai trop de
confiance dans les dictionnaires. Eux aussi se trompent. Lisez l’étymologie de cyprine dans le Grand
Robert : « V. 1970?; du lat. Cypris, du grec Kupris, surnom
d'Aphrodite, et -ine. » Vers 1970 ? Mais si de Musset, au XIXe
siècle dans Gamiani, en répand partout !
24 août 2001. Kodiak. Connaissez-vous Kodiak ? Pas celle des appareils photios, mais l’île de Kodiak, celle avec le mont Sharatin (et non le mint Sheraton), au nord de l’île Sitkinak, et à nord-ouest de Sitkalidak. Ça ne vous dit rien ? L’île des saumons et des grizzlys ? Toujours rien ? Le final en « ak » ne vous aide pas ? Oui, le nord ; vous êtes forts ! Encore un petit effort. Non, pas la terre de Baffin. Et si je vous dis qu’elle est au sud de l’entrée Kennedy ? Oui, les États-Unis. Fin du suspens. L’île Kodiak est située 400 Kilomètres au sud d’Anchorage en Alaska et, même si on préfère ne pas trop en parler, elle risque de devenir importante, très importante : le Cape Canaveral de la guerre des étoiles. On y a installé un base très importante pour le lancement de missiles. L’ouverture des lancements a eu lieu le 5 novembre 1998 et depuis ça continue. Ce mois-ci, par exemple, on lance (ou on a déjà lancé ?) un missile Polaris ver l’atoll Kwajalein dans le Pacifique du sud où on essayera de l’intercepter. On s’amuse. On ne s’amusera plus.
25 août 2001. Finlande.
— Parfois, mon ignorance de l’Afrique me fait peur. Par exemple, j’ai su seulement hier qu’il y avait trois Guinées !
— Moi, je viens de la savoir. Pour moi trois Guinées, c’était Virginia Woolf. Es-tu sûr de mieux connaître l’Amérique centrale ou l’Europe ? Parfois j’ai l’impression que ta culpabilité de Blanc te fait voir trop noir ! Par exemple, essaye de me dire ce que tu connais de la Finlande.
— Je sais qu’elle est un pays de la Scandinavie… qu’on y parle une langue non indo-européenne… qu’il y a beaucoup de lacs… qu’ils sont des grands buveurs… qu’ils ont plus de portables pro capite que les Italiens…
— C’est tout ?
— J’ai l’impression… Non, je connais aussi le terme Finlandisation… et le nom d’un homme d’État, Kekkonen, si je le prononce bien.
— Un beau zéro en géo ! Tu en connais certainement autant sur la Guinée ! Par exemple, que pendant longtemps elle fut dominée par Séko Touré…
On était arrivé devant Gallimard et je lui proposai d’entrer acheter un roman finlandais et un de la Guinée. La libraire fut catégorique « On n’a pas de roman d’auteurs guinéens ! » Je me demande encore comment elle faisait pour savoir de quelle Guinée on parlait ! elle connaît probablement la Guinée comme Marguerite et moi. Et s’il y avait un roman de la Guinée Bissau traduit du portugais ou un de la Guinée Équatoriale traduit de l’espagnol qu’elle croyait être des productions européennes ? Je ne lui dis rien mais je demandai à Marguerite de jeter un coup d’œil dans la section de la littérature portugaise et dans celle espagnole aussi. Elle ne trouva rien. Pour le finlandais la libraire fut plus nuancée « Regardez dans la section Nordique et si vous voyez des noms avec deux « a » attachés, ça doit être finlandais ». Je fus plus chanceux que Marguerite : il y avait effectivement un livre d’un auteur avec deux a attachés (Arto Paasilinna) : Le lièvre de Vatanen, traduit du finnois par Anne Colin du Terrail (titre original : Jäniksen Vuosi), éditions Denoël, 1989. Nous l’achetâmes et courûmes à la maison où je dévorai les 203 pages et demi en quatre-vingt deux minutes[6] avant que nous ne nous régalassions d’un poulet sauté bordelaise que Marguerite avait préparé selon la recette de J.-B. Reboul[7] — je dois dire que je suis dans une phase « animal » et il suffit que je puisse mettre mes griffes sur un livre qui parle d’animaux pour que je ne puisse plus le lâcher sans l’avoir complètement dévoré. Ce dévorement d’animaux sur papier va de pair avec un dévorement toujours plus passioné de la chair des vrais animaux, Comme quoi, contrairement à ce que pensent les animalistes, on peut aimer les animaux de plusieurs façons en même temps.
Le lièvre de Vatanen. Vatanen journaliste déçu par son métier, sa femme, ses amis et la vie de Helsinki profite d’un levraut blessé à un patte par la voiture de son collègue pour tout lâcher. Il s’en va vers le nord avec son inséparable lièvre qui sent toujours les dangers un peu avant son copain. Dans son vagabondage il a beaucoup d’ennuis et la police, lors de la demande d’extradition faite aux Russes — à quatre pages de la fin — dressera une vingtaine d’accusations (violation de la foi conjugale, avoir pêché au lamparo, avoir participé à la vente illicite d’armes allemandes de la Deuxième Guerre Mondiale, avoir participé, sans invitation, à un souper organisé par le ministre des affaires étrangères, avoir malmené un moniteur de ski, avoir profané un mort etc.) D’un certain point de vue (de celui faux de la police) tout est vrai, d’un autre (de celui de Vatanen, du romancier et du lecteur) tout est faux.
Toutes les fois qu’il rencontre des gens civilisés il est déçu (on ne sait pas ce qui se passe avec Leïla car l’auteur nous dit qu’elle est partie avec Vatanen, quand il s’enfuit de prison, seulement à l’avant-dernier paragraphe du livre). Pourquoi commencer par la fin ? Parce que, comme dans toutes les histoires, le commencement n’est qu’un commencement, un amuse-gueule pour la fin. Et la fin, dans ce roman, est particulièrement importante. Donc Vaten est en prison après avoir été extradé de la Russie où il était entré en chassant un ours. Pas une chasse normale à l’ours. Une chasse titanesque, comme celle du capitaine Ahab. Une longue chasse. Ou toi ou moi. Et Vatanen l’aura, l’ours. Sur les glaces de la mer Blanche.
26 Août 2001 Conseil. Je lui ai donné trop de conseils, comme dans
une lettre d’il y a quatre ans, quand elle n’en avait que vingt, en réponse à
son annonce « je m’en vais au Mexique ». Avec hypocrisie, saupoudrée
de ruse : Les
conseils sont faits pour ne pas être suivis et pour le regretter ensuite ; en lui faisant la
leçon : Ceux qui donnent des conseils ne peuvent que les donner en
partant d'une mauvaise perception, surtout quand ils ont des intérêts dictés
par l'amitié ou n'importe quel autre sentiment qui soit un peu plus qu'un
simple frisson ; en pêchant par excès de moralisme (et de
longueur) : C'est bien de ne pas suivre mes conseils et j'espère qu'un
jour tu auras un très léger regret qui te permettra de repenser a une autre
possibilité qui n’était ni meilleure ni pire mais qui était autre ;
qui venait d'un autrui qui ne conseillait pas pour le goût de conseiller mais
pour le désir que la conseillée choisisse le chemin le plus dur, le plus beau
et donc le plus riche ; en léchant avec une parenthèse de trop : Tu
as la chance d'avoir l'âge dans lequel il convient de prendre conseil de la
passion seule. Tu sais, la passion est la seule vraie conseillère, la seule
honnête et propre (dans le sens de propreté physique, que certains s’acharnent
à appeler morale ou intellectuelle), la seule qui s'en fout des considérations
objectives d'une raison aux pieds d'argile ; en dénigrant la
maturité : La période de la vie où la raison crée des niches bien
protégées, pour que la passion ne renverse pas des seaux de ridicule sur les
années qui restent ; en jouant de l’attrait des paradoxes : Pourquoi
la vie ne se déroule-t-elle pas à l'envers : naître vieux et mourir
jeunes ? ; tout de suite suivis par une réflexion qui remet la
pendule à l’heure : Je parle sans réfléchir car la vie ne se déroule pas mais fait du sur
place et donc le ridicule de l'homme de cinquante ans en pantalons courts ou de
la femme de soixante en minijupe n'est que la projection de quelqu'un qui voit
la vie comme déroulement et qui, de cette fausse idée, ne sait pas se défaire ; en faisant appel à sa
fascination pour l’autre Amérique sans oublier la québécitude : Tu
devrais ouvrir un peu plus les vannes colombiennes pour faire tourner la
turbine de la vie a une vitesse follement enthousiaste. Ceci ne veut pas dire
que ton robinet québécois ne soit pas parfait pour arroser le jardin de la
raison ! ; en jouant à l’épigone de Nietzsche : Les buts viennent souvent après les
moyens et but et moyens ne sont que des facettes de... de rien. De rien, car il
n'y a que facettes ;
sans oublier le moralisme : Pas façades ! ; en reprenant
l’éternelle marotte du détail : Que tout réside dans
la manière de faire est universellement reconnu, mais peut-être qu'il y a
quelque chose qui va au-delà de ça : le détail. Le détail qui brave toute
interprétation et toute possibilité de communication aussi ;
sans oublier de marier le détail au style de manière un peu pompeuse : Le
style a besoin de s'appuyer sur la dureté du détail qui par définition est
difficile a voir avec les yeux de la raison : ce qu'on oublie facilement
(surtout quand la raison s'assoit dans son char d'assaut !). Le détail est dur,
résistant et souvent douloureux. parce qu'il ne nous appartient pas ;
en faisant appel à la toujours fascinante et romantique
incommunicabilité : La réalité du détail ne se communique pas ;
sans oublier l’humilité de l’ignorance : Ce qui te pousse vers le
Mexique et te fait abandonner le Québec tranquille, non seulement tu ne peux
pas le communiquer, mais toi non plus tu ne le sais pas. Il n'y a rien a
savoir ; en ajoutant une touche de cynisme ou de physiologisme ou de
réalisme, selon : Le tube digestif habillé en Che ou Marcos ou Mickael
Jackson ou Madonna ou Sylvie Tremblay ou Jean Chretien ou Gandhi... n'en sait
rien du pourquoi et il a beau s'entourer de neurones, il ne le saura jamais ;
pour terminer avec une note optimiste : Les neurones, par
contre, lui permettront de jouer, de lutter, de bâtir des palais sur le granit
de l'illusion.
Promesse. Depuis six ans elle me dit :
« J’aurai un enfant avant vingt-cinq ans ». Elle a encore trois mois.
C’est long, trois mois. Il peut se passer de tout, en trois mois. On peut même
monter enceinte, en trois mois.
[1] Combien parmi ces « connaisseurs » de la culture du Grand Nord, ont la moindre idée des ces quinze concepts ? Pratiquement personne. Les voilà donc, pour ceux qui sont moindrement curieux : aniu (neige pour faire de l’eau), aput (neige par terre), isiriartaq (neige qui tombe jaunâtre), katakartanaq (neige gelée en surface qui se casse sous les pas), kavisilaq (neige qui colle aux bottes), kinirtaq (neige compactée), mannguq (neige collée au terrain), masak (neige qui tombe mélangée à de l’eau), matsaaq (neige imprégnée d’eau sur le terrain ou dans une gamelle), natiruvaaq (neige très fine portée par le vent), pukak (neige cristalline), qannialaq (neige qui tombe très légère), qanniq (tempête de neige), qiasuqaq (neige qui a fondu et ensuite gelé en surface), qiqumaaq (neige du printemps gelée en surface).
[2] Pond possède le seul dialecte qui a le concept « neige fraîche avec traces d’ours provenant du nord » (ananuqvviti )et celui de « neige fraîche avec traces d’ours provenant du sud » (ananuqvviqaq )
[3] J’ai écrit occidental mais, plus correctement, j’aurais dû lister les langues que je connais : français, anglais, russe, espagnol, portugais, italien, suédois, algérien, grec, latin et sanskrit.
[4] Inconscience, méconnaissance, impéritie, incapacité, incompétence, insuffisance, amathie, inexpérience, ingénuité, innocence, inexpérience, naïveté, béjaune, ânerie, bêtise, idiotisme, barbarie, ilotisme, lacune.
[5] M.Rat, Dictionnaire des expressions et locutions traditionnelles, Larousse 1999.
[6] Ce qui ferait une moyenne de 27 secondes par page. Mais si on considère que le roman commence seulement à page 9 et qu’il a 16 pages blanches, on a une moyenne plus raisonnable de 31 secondes par page.
[7] J.-B. Reboul, La cuisinière provençale, Tacussel, éditeur.