5 mars 2001 Silence. Ce n’est pas le jet blanc que la mousse étouffe ni le conte au foyer que septembre aiguise. Est-ce l’appel informe que les vaches talonnent ? le cliquetis des aiguilles entre les mailles rapides ? Non. Ce n’est pas le craquement des feuilles que les mollets tassent ni la faux dans l’herbe docile. Non. C’est loin. Trop loin, tout cela. Est-ce la télé ou Aldo qui arrive ? Non. Trop loin. Trop loin. C’est la mort qui arrive.
6 mars 2001 Silence. Elle est l’a.
7 mars 2001 Silence. Elle n’est plus là.
8 mars 2001 Silence. Laissez-moi faire un peu d’ordre. De la place. Elle vient s’installer ici.
9 mars 2001 Silence. Les idées sont fragiles, ne sois pas trop brusque. Observe, écoute et déplace-les avec délicatesse. Mets-toi des gants filiaux. Oui, là elle devrait être bien. Elle a toujours aimé les recoins chauds. Apporte-lui le coussin des souvenirs. Non, elle n’a pas besoin de linceul. Ouvre la fenêtre, le soleil est gratuit. C’est parfait. C’est parfait comme cela. Ne bouge pas.
10 mars 2001 Silence. Laissez-la reposer.
11 mars 2001 Décence.
Il y a un an je serrais sa
main froide en attendant que la mort glisse et aujourd’hui, devant le foyer, dans
une froide journée ensoleillée, je déblatère sur politique et moralité.
Silence. Un peu de silence s’il te plaît. Un peu de décence.