19 mars 2001 Comprendre. « Je n’y comprends que dalle », me dit-il en me redonnant, le petit livre que je lui avais passé, avant mon départ pour la France, « pour moi, ce sont des mots enfilés au hasard sans aucune relation entre eux… Je comprends chaque mot, mais l’ensemble, c’est du n’importe quoi. Je te le jure, c’était comme si je lisais du chinois ». J’essayai de lui dire que, peut-être, il avait des difficultés avec le verbe « comprendre » plutôt qu’avec la compréhension. « Non, cette fois je ne me ferai pas emberlificoter. Quand tu parles, j’ai toujours l’impression que ce que tu dis est correct. Tu parles tellement vite que je n’ai pas le temps de réfléchir, et puis le ton, les gestes le regard… ça aide à croire d’avoir compris. Écoute, au lieu de me l’expliquer de vive voix, écris-le. Explique-moi, par écrit, pourquoi je ne comprends pas ce que c’est que comprendre. » Je lui dis que des milliers d’articles et des centaines de livres ont été écrits à ce sujet et qu’il serait bien prétentieux de ma part… « Tout ce que j’ai lu m’a laissé sur ma faim. Et puis, ne me dis pas que tu as peur de paraître prétentieuse ? Fais un essai. Si je ne te comprends pas ça voudra dire que je suis plus débile que tu ne le penses ou que, toi non plus, tu n’y comprends que dalle… Mais, surtout, je t’en prie, un texte très court ! »

 

Je serai concise. Sans doute trop. Voilà : celui qui écrit appauvrit le monde pour enrichir la langue et celui qui lit appauvrit la langue pour enrichir le monde. Le sens n’est qu’un pont de mots tissé entre deux mondes. Vouloir que les deux mondes soient les mêmes c’est insensé : le temps ne laisse stable que ce qui est sans vie, que ce qui n’a pas de sens. Que la mort.

 

20 mars 2001 Transformations et sens.

I : Dès le potron-jacquet, éploré dans la cépée, le daguet rait.

 

II : Dès le petit matin, éploré dans la cépée, le daguet rait.

 

III : Dès le petit matin, triste dans la cépée, le daguet rait.

 

IV : Dès le petit matin, triste dans la forêt, le daguet rait.

 

V : Dès le petit matin, triste dans la forêt, le cerf rait.

 

VI : Dès le petit matin, triste dans la cépée, le cerf brame.

 

De I à VI : coupure dans la préciosité, la pédanterie et la vieillerie (rait, potron-jacquet, éploré) ; perte d’informations : de jeune cerf ou jeune daim, généralement dans sa deuxième année, qui pousse son premier bois à cerf, de taillis d'un à deux ans à forêt ; perte d’allitération ; perte de ludisme. Gain en clarté. Et le sens ? Sans doute que la question du sens n’a pas de sens. Dans toutes les phrases le sens se fraie un chemin à coup de mots.

 

21 mars 2001. Printemps. Le dieu du printemps s’est levé de bonne heure. J’ai vu la première, noire, lèche-bottes, au coin de Roy et Drolet à six heures et demie ; la deuxième, noire encore, mais un peu plus courte, deux minutes après, sur Saint-Laurent ; la troisième, cette fois au genou, au coin de Saint-Urbain. Mais ce n’est qu’à midi, quand je me suis dirigé vers la rue Peel, que j’ai pu mesurer l’étendue du travail de ce brave dieu qui a tant de mal à chasser l’hiver de nos contrées sauvages. Elles étaient partout : droites, à godets, plissées (plis ronds, plats, creux, accordéon, surpiqués, piqués, d’aisance, symétriques, couchés, asymétriques), classiques, sportives, de lainage, de coton, de velours, de soie, de polyester, de futaine, simples, brodées (au bas, à la ceinture, sur le devant), portefeuilles, fuseaux, avec ou sans fentes (au dos, devant, sur un ou sur deux côtés, à peine visibles ou très longues[1]), transparentes, à fleurs, à carreaux, dessinées, unies, avec franges, froncées, à lés, à empiècement, à volants, avec poches (passepoilées, plaquées, à rabat, manchon), larges, étroites, bouffantes, entravées, à corselet, à bretelles, mini, maxi, rasecul, au genou, à mi-cuisse, aux chevilles, aux mollets, avec ceinture (large, à cordelette, de cuir, de plastique, nouée), sans ceinture, écossaises, indiennes, avez zip (caché, à jour, noir, métallique), avec boutons boutonnés (de métal, de celluloïd, de céramique, de galalithe, de nacre, de verre, d’étoffe, boutons-pression), avec boutons déboutonnés (un, deux, trois, quatre, tous), noires, rouges, chamois, roses, vertes et puis encore noires et blanches et noires et roses et roses encore. Les jupes sont arrivées ! Elles ont envahi les rues, les maisons, les hôpitaux, les écoles, les bibliothèques, les cinémas, les restaurants, les cafés, les salons mortuaires, les centres d’achats, les pharmacies ; elles remplissent l’air, les têtes, les yeux ; elles volent, glissent, trottinent, ripent, se faufilent, se baladent, se lèvent, tombent, montent, entrent et sortent ; elles se tachent : de jus, d’encre, de rouge à lèvre, de sperme, de vin, de colle, de sécrétions vaginales (de la copine, des siennes), de vomissures (de bébés, de soûlards, de maris, d’amis, d’amies, d’amis d’amies), de sang, de café, de thé, de chocolat (au lait, noir de noir, aux amandes, au cognac), de pipi (le sien), de merde (de bébé, de soûlards, des parents, des grands-parents), de bave (de bébés, de chiens, de vieux dégueulasses) ; elles montrent (les chevilles, les mollets, les genoux, les cuisses), elles cachent (les mollets, les genoux, les cuisses).

 

On les retrousse, on les relève, on les froisse (en baisant, en marchant, en voiture, à bicyclette), on les suspend, on les jette (sur une chaise, par terre, sur le lit — dans sa chambre, à l’hôtel, dans la clinique). On les lave, on les repasse, on les met, on les enlève, on les lave, on les repasse, on les range.

 

À celles de maman, on se cramponnait.

 

J’en ai vu de tous les types, de toutes les couleurs, de toutes les marques, mais pas comme celle de la photo (elles ont encore froid à Montréal, le 21 mars).

 

 

22 mars 2001 Tristesse. Il neige, les jupes se replient dans les placards, les pantalons réenvahissent les rues. La ville est triste.

 

23 mars 2001 Des beaux et des vilains mots. Une question qui, depuis des années, m’empêche de m’endormir avant la fermeture de la dernière discothèque : pourquoi « galbeux » est-il désuet ? Hier matin, elle m’a suggéré une réponse très simple qui m’a apaisé : « galbeux » est un vilain mot. Mon angoisse fondit sans laisser de traces. J’étais sûr que j’allais finalement pouvoir m’endormir à neuf heures. Mais la vie n’est pas faite pour s’endormir tôt — comme disait un ami qui s’est envolé trop jeune : « Dans l’au-delà on ne fera que dormir, profitons-en. ». J’en étais sûr, mais à neuf heures pile une nouvelle question frappa à la porte et chassa le sommeil : pourquoi un mot gent, girond, généreux, gracieux et galbe comme « galbe » n’est-il pas l’hôte chéri de toutes les langues ?

 

24 mars 2001 Entre vaches (deuxième partie).

Note liminaire : la première partie du dialogue eut lieu le 24 janvier et la deuxième se tint le 2 février mais, à cause d’un embargo du gouvernement canadien sur les produits en provenance des fermes européennes, nous avons réussi à obtenir l’enregistrement seulement le 20 mars.

 

Résumé de la première partie. Suite à l’abattage de toutes les têtes du troupeau de M. Polliac, cinq vaches de M. Mouillac (la grosse, la belle, la rousse, la sale et la conne), avaient engagé un dialogue socratique sous le regard impartial de la zara. La question d’ouverture de la rousse « Qu’est-ce que la folie ? » fut jugée trop abstraite et remplacée par une question autour de la justice, de l’individu et du groupe. Toutes furent d’accord sur le fait qu’avoir choisi de se soumettre aux hommes ne justifiait pas les massacres à cause de la « vache folle ». la rousse après avoir montré que leur approche trop « concrète » les amenait dans un cul-de-sac théorique demanda de réfléchir sur la question de la folie. Elles décidèrent de reprendre la discussion le 2 février.[2]

 

Prologue : Après la traite du matin, la zara se mit en marche vers la mouillère du canal, là où elle pouvait apaiser les brûlures aux pieds qui la persécutaient depuis le nettoyage des sabots de l’automne. Sa claudication légère et son mutisme presque absolu lui avaient donné un tel charisme que son vouloir se transformait en loi sans la moindre résistance. Il ne fut donc pas question de résister à son choix du lieu de la discussion pour la bande des cinq, même si personne dans le groupe n’aimait ce lieu : l’herbe était trop grasse, on avait les sabots toujours mouillés et, surtout, il était impossible de se coucher sans s’enrhumer. la sale prit la tête du groupe qui, en quelques minutes, se porta sur le sillage de la zara. Elles marchèrent en silence jusqu’après le perchis de la Ginette, tournèrent à gauche pour éviter les cailloux de la côte d’en bas et, quand la zara rentra la queue entre les jambes, elles s’arrêtèrent et formèrent un cercle museau à museau.

I Mort aux lâches.

 
 


la sale : Pas besoin de tourner autour du pot ! on a eu assez de temps pour ruminer autour de la folie et des massacres en cours. Moi je n’ai pas de doutes : ce sont les hommes qui sont fous. — la rousse : Peut-être. Mais, pourquoi les hommes sont-ils fous ? Parce qu’ils nous massacrent ?

 la sale : parce qu’ils nous massacrent sans raison ! — la rousse : sans raison ? Quelle raison ? La leur ? La nôtre ? — la grosse : peu importe laquelle ! Il n’y a jamais de justifications pour les massacres ! — la rousse : mais les hommes, ils ont toujours justifié tous leur massacres. Même les massacres entre eux ! — la sale : des leurs je m’en fous ! — la conne : tu t’en fous… et eux sont fous. Pourquoi, dans les deux cas, a-t-on « fous » ? — la sale : regarde ! les pis de la rousse tremblent, Tu veux nous épater avec tes raisonnements sophistiqués, n’est-ce pas ? — la rousse : Non. Ce n’est pas mon genre, d’épater. C’est plutôt le tien, avec tes provocations… pour répondre à la demande de la conne : il n’y pas de rapports étymologiques entre les deux : le verbe « foutre » dont la deuxième personne de l’indicatif présent donne « fous » dérive du latin futuere (pénétrer une femelle) tandis que fou dérive du latin follis qui, à l’origine signifiait « outre gonflée ». Comme vous voyez, il n’y a vraiment pas de rapports ! — la sale : pas sûre ! Qu’est-ce qu’un taureau sinon une outre gonflée ! Un taureau fout comme un fou, se foutant de la vache… — la  belle : Quand on fout, on s’en fout et c’est pour ça qu’on est fou ! Je ne connais pas les finesses de l’étymologie mais pour moi c’est clair… — la rousse : Donc celui qui s’en fout, celui qui ne s’intéresse pas est un fou. Alors nous sommes toutes des folles parce que nous ne nous intéressons pas, que sais-je ? aux… aux cochons de la ferme. la  grosse : Je te trouve vraiment sophiste. Nous ne nous intéressons pas aux cochons car nous n’avons aucun intérêt à partager avec eux. — la rousse : Voyons si je comprends. On est fou quand on ne s’intéresse pas, mais pour s’intéresser, il faut avoir un intérêt quelconque. Donc ceux qui sont le plus intéressés sont les moins fous. — la grosse : Tu joues avec les deux sens du mot « intéressé » et, surtout, tu soulignes, quand ça fait ton affaire l’acception économique. Si tu veux que je te résume la vision de la folie que nous toutes partageons, la voilà : on appelle folle celle qui au lieu de s’intéresser, au lieu d’écouter les autres, s’en fiche car elle juge que la souffrance des autres ne la concerne pas. — la rousse : Donc les hommes sont très sages dans leurs massacres car ils sont concernés par la souffrance des autres hommes. Et, si on y réfléchit bien, même des autres vaches. — la sale : Si tu veux, les hommes ne sont pas fous, mais, ce qui est certain c’est qu’ils sont coupables devant le tribunal de la nature ! — la grosse : Et pour parer ton prochain coup ma belle rousse je te dirais que les vaches ne sont pas folles. Elles en ont marre d’être enfermées dans le stéréotype de « douces et sages » au service des hommes et des cons de taureaux. Et je pense que nous devrons simuler la folie pour aider cette avant-garde courageuse. — la rousse : Et nous faire massacrer encore plus vite ! Mais nous sommes revenues au thème du massacre sans avoir épuisé la folie. Nous nous sommes contentées de quelques intuitions… — la sale : et cela suffit. Tu nous pièges toujours avec tes raisonnements à la noue-moi les pis. Il y a des moments où il faut savoir arrêter les discours… — la rousse : Et sombrer dans l’intuition, dans la perception pure de la vérité. Non c’est trop dangereux. La raison et le dialogue sont nos seules armes contre l’injustice. — la sale : Donc pendant que les hommes nous massacrent, nous discutaillons. Nous appliquons les règles de la dialectique ! Je ne sais pas si tu sais que les Allemands ont décidé d’éliminer 400 000 vaches. Et si les Allemands commencent à massacrer, personne ne les arrêtera avant qu’ils nous aient toutes brûlées ! — la rousse : Voilà le mot, le vrai, celui qui importe. « brûler », le vrai problème est là, dans le fait qu’ils nous brûlent. — la conne : Oui. Le vrai problème. Je ne veux pas brûler. — la rousse : Personne ne veut être brûlé ! Nous avons renoncé à notre liberté afin qu’ils nous mangent et que nous puissions ainsi renaître dans la chair des hommes. Mais s’ils détruisent notre corps… — la sale : Il n’y a plus aucun motif de renoncer à la liberté. Toutes les vaches regardèrent la sale avec une admiration presque palpable. Leurs corps, des cornes aux sabots, étaient traversés par une émotion si intense qu’elles se sentaient comme une seule vache. Unies pour toujours dans l’esprit et le lait. Seule la rousse avait baissé la tête et, pour se donner une contenance, broutait. Après un très long silence elle leva la tête.la rousse : Tout cela me fait peur. Très peur. — la sale : Tu as peur de la liberté ! Mort aux lâches !

 

I L’hom-me et la fange

 
la rousse : Facile ! Non, je n’ai pas peur, et tu le sais très bien. J’étais en première ligne quand on a bouffé les couilles au taureau des Seignacs. Non, c’est votre exaltation qui me fait peur. Votre refus d’aller jusqu’au bout avec la raison. Votre naïveté. — la Grosse : Quand on veut être logique et rationnel à tout prix on dit n’importe quoi. On perd tout

 contact avec la réalité et on accepte l’irrationnel dans lequel on baigne. On peut toujours tout expliquer si on est assez sophistes. — la belle : Laissons-la parler. C’est elle qui nous a appris l’art du discours… — la Sale : Et l’art de tout accepter des hommes. Nous devons nous libérer des hommes ! — la Conne : Et qui nous traira ? — la Sale : Personne. Nous ne serons plus les vaches à lait de personne ! — la Conne : Mais quand on ne me trait pas j’ai mal au pis ! Je ne veux pas avoir mal ! — la Sale : Il faut souffrir pour avoir une vie meilleure… — la rousse : C’est ce que les hommes nous ont toujours dit. Où veux-tu en venir ? À donner raison aux hommes ? — la Grosse : On tourne en rond. — la Conne : Moi je n’ai pas bougé ! — la belle : T’es bien bête ! Elle veut dire qu’avec notre discussion on n’avance pas. — la Conne : Je ne savais pas que les discussions faisaient avancer. Moi, c’est toujours avec les pieds que j’avance… est-ce que vous discutez avec les pieds ? — la belle : T’es vraiment débile ! — la sale : Sans doute moins débile qu’on ne le pense. Moi non plus je ne crois pas qu’on avance avec les discours. C’est l’action qui fait avancer. — la rousse : Ou reculer… — la sale : Pour mieux avancer… — la Grosse : Je m’en fous si on tourne en rond ou non. Ce que je voulais dire c’est qu’on est dans une polémique sans fin. Les positions sont tellement éloignées qu’il n’y a aucune possibilité d’entente. Toi, la rousse tu ne veux pas renoncer à comprendre et la Sale ne veut pas renoncer à lutter. Moi, je croyais qu’on pouvait faire les deux, mais il est sans doute trop tard. Les hommes ont occupé nos terres, ils nous traitent comme des êtres vivants de second ordre, ils ont la science et la technique de leur côté… — la Conne : Comme les Palestiniens et les Israéliens ! — la Grosse : Si tu veux. Comme tout événement qui, par on ne sait quel hasard, se transforme en tragédie. À un certain moment il faut que certains baissent les bras et pensent et que d’autres lèvent les bras et luttent. Ce qu’il ne faut pas faire, dans des moments comme celui-ci, c’est faire lutter les parleurs et parler les lutteurs… — la Conne : Et moi ? — la sale : Tu nous fiche la paix ! — la rousse : Ça commence bien, ça commence en tapant sur ceux qui ne sont pas d’accord… — la sale : Oui, je vais taper. Et pendant qu’elle disait cela elle donna un coup de corne dans le ventre de la rousse qui réagit en lui mordant le pis gauche de devant. Les interventions de la zara furent inutiles. La mouillère se transforma en un champ de bataille qui n’avait rien à envier à celui de Brive La Gaillarde chanté par Brassens.

 

Épilogue : Réveillé par les cris, M. Mouillac accourut pour rétablir l’ordre, mais quand, avec son gros gourdin, s’approcha de la Conne, les six vaches, comme un seul homme, se ruèrent sur lui et le piétinèrent jusqu'à ce qu’on ne le différencia plus de la fange brunâtre et de la bouse.

 

25 mars 2001 Ordinateurs et science. Dans le New York Times : « Toutes les sciences deviennent science des ordinateurs. » Étonnant ? Certainement pas si on enlève à la phrase un peu de l’éclat propre à un titre de journal. Poussée par le moteur des mathématiques, la science moderne a accéléré l’efficacité de la réflexion sur la nature. Et les ordinateurs, essence des mathématiques, ne font que continuer le travail. Rien de nouveau dans la culture occidentale.

 

Ordinateurs et tableaux. Est-ce un Raffaello ? Selon Nicholas Turner[3], non, selon d’autres experts, oui. Comment savoir si c’est un vrai ? Une méthode artisanale consiste à mettre le tableau pattes en l’air pour essayer de ne pas être aveuglé par la signification de l’ensemble[4] (par la gestalt, pour le dire avec un terme plus psychologique). La méthode scientifique consiste à analyser avec un ordinateur les données brutes que fournissent des instruments d’analyse de l’encre ou du papier. Dans les deux cas on trouve la « vérité » en partant de données sans sens. Le sens qui cache la vérité ? Oui, celle qui est scientifique. Qu’importe la vérité pour le visiteur du Paul Getty Museum qui jouit devant la plaque sur laquelle est écrit Raffaello !

 

Ordinateurs et mises à pieds. Depuis des années c’est toujours le même débat : est-ce que les engagements dans les industries de pointe compensent les pertes d’emploi dans les autres secteurs ? Les « oui » et les « non », plus ou moins bien justifiés et statistiquement prouvés, se chamaillent. Ce qui devrait être évident c’est que si les ordinateurs ne sont pas un instrument pour nous libérer du travail, ils sont inutiles. Plus qu’inutiles, dangereux. Mais, quoiqu’en disent les tenants de l’économisme (libéral ou étatique), il a été créé pour cela et, si on s’engage pour favoriser les mises à pieds, on a une chance de se retrouver sur pieds.



[1] Il est vrai que du point de vue de la vue, ce ne sont pas les fentes qui sont visibles mais « ce qu’elles ne cachent pas », mais dans le cas des fentes des jupes  la splendeur de « ce qu’elles ne cachent pas » aveugle et on ne voit ni fente ni « ce qu’elles ne cachent pas » mais seulement ce qui, depuis des siècles, s’agite dans les têtes.

[2] Il est fort probable que le choix du 2 février ait été fait en l’honneur de J. Joyce qui, dans Ulysse, traite de lien entre fièvre aphteuse et colonialisme.

[3] Ex-responsable de la section Renaissance du musée Paul Getty, licencié car il mettait en doute l’authenticité d’un certain nombre de tableaux achetés par le musée.

[4]Méthode dont je doute qu’elle soit efficace pour la peinture abstraite.