19 août 2002. Je ne suis pas Bellow. Je ne suis pas Bellow et je suis content. Je suis content non seulement parce que, théoriquement, il me reste quelques années en plus à vivre mais aussi parce que je n’aime pas son Ravelstein qui a une centaine de pages de trop. Après quelques pages, le surprenant Ravelstein ne surprend plus et le lecteur n’a plus besoin de l’écrivain : il peut continuer tout seul. Ou arrêter.

 

20 août 2002 Charlotte, Charmounde et Charles[1]. La chattemite châtelaine du château de Chambord, charnue et chafouine, chaquait chans chambard en chatouillait cha chatte châtaigne. Charles, le charpenté champion charrieur, chapon et chachte (n’ayant jamais chabré), ne chavait pas que Charlotte, la Châtelaine de Chambord dans la châtaigneraie chatouillait chon chas chachieux. Le chavait Charmounde, la chatyréche chadique chaphique et chan-cœur au charme de chatin, qui charpia la chachuble d’un chacrichtain charentais dans les chaturnales du château de Chambord. Chacrebleu ! Quelle chatichfaction, chalivait-elle, de charger à chatiété le chatiné chas de Charlotte, chattemite châtelaine du château de Chambord !

Chachte champion de Chambord, chanctionne Charlotte, avec ton chalami ! Chaccage chon chas ! Qu’elle chalive, qu’elle chalive en chavourant ta chandelle.

Ainchi chantonnait Charmounde dans la châtaigneraie près du château de Chambord. Charmounde, chatyréche chadique chaphique et chan-cœur, chargea chur un chartil des chacoches de champignons chataniques, de châtaignes chalées et un châle en chanvre. Chacripante ! même un châle en chanvre pour Charlotte chattemite châtelaine du château de Chambord ! Le chartil de Charmounde chavira à chôté de Charles le champion pas chagace, pas chatrape mais chachte qui chantait dans le champ :

Je chaaacrifierai ma chagaie au chaaaachme de la charmante Charlooootte charnuuuue châtelaine du Château de Chambord… Je chaaacrifierai ma chagaie au chaaaachme de… (il ne chante plus) Oh ! Oh ! le chartil de Charmounde chavire Oh ! oh ! Le châle, les champignons et les châtaignes. Oh ! oh ! Charmounde dans le champ chaboulée de champignons. Oh ! Oh !

    Achez d’oh ! oh ! Champion chans charme mais bien chalamé. Achez d’oh oh ! Chapristi ! Chavoure mes champignons chataniques, après les chaccades chur Charlotte, et la charnelle Charmounde (moi, chest moi la charnelle Charmounde), cheront… cheront… les chaccades cheront moins chachtes, chachte champion du château de Chambord

    Chaccager ? Chaccager Charlotte, chattemite châtelaine du château de Chambord ? Non… Non. Je ne chaccagerai pas.

    Chi… Chi… Tu chaccageras chi tu chavoures les champignons chataniques chambardés dans le champ

    Chavourer les champignons ? (Charles le chachte champion chavoura les champignons) Oh ! Oh ! Mon chalami… Oh ! oh !

    Charles chaccage-moi ! Je te chupplis… Charles chage champion du château de Chambord

    Non… Oh ! Oh ! mon chalami. Mon chalami… mon chalami est chi chavoureux. Oh ! Oh !

    Chot ! T’es un chale chot chtupide

Charlotte, chachée de chon chablis par le chavirement du chartil de Charmounde, churvient :

    Charles ! Clarles mon champion ! Charmounde, toi auchi ?

    Le châle est pour toi, Charlotte chattemite châtelaine du château de Chambord. Le châle cheul chur toi… le châle de chanvre et ton chas…..

    Mais… mais… et Charles le chachte champion du château de Chambord ?

    Charles chavoure les champignons. Le châle cheul le châle, ma Charlotte.

    Oh ! Oh ! Du chanvre. Oh ! Oh ! Du chanvre… Je chouffre mais chest chi chuave… Charmounde chante-moi des chaloperies. Oh ! Oh ! cheul le chanvre Oh ! Dans ma chapelle de Charles la chandelle… Oh !

    Charles ! Charles ! Les chas de Charlotte chattemite châtelaine du château de Chambord chalive. Charles, elle Chalive et moi auchi je chalive, Nous chalivons, nous chavirons, nous chamons… Charles !

Charles ne chalivait pas. Le chachte Charles au chalami chabourré ne chavait pas. Charmounde chavait et Charlotte aussi, Charlotte, la chattemite châtelaine du château de Chambord aussi chavait. Elles chalivèrent enchemble, elles chavirèrent enchemble et le chachte Charles chavourait les champignons chataniques et chuchait son chalami chaburral. Chaloperie ! Charmounde changla le changlotant Charles, chachte champion pas très chagace et chabra Charlotte chattemite châtelaine du château de Chambord, charnue et chafouine, qui chatouillait cha chatte châtaigne et chavourait le chabrot de Charmounde, chatyréche chadique chaphique et chan-cœur.

 

    Et la morale de l’hichtoire ?

    Chaprichti ! aucune morale !

 

21 août 2002 Les liens de la raison. Dès que la raison a eu conscience de sa puissance, les jeux étaient faits et, depuis, seul son tribunal peut certifier comme étant solide un lien quelconque. Même si la machine de la raison a commencé à fonctionner de centaines de milliers d’années avant les philosophes grecs, il est clair que, depuis Platon, la recherche de nouvelles idées — dit de manière plus prudente, d’une compréhension qui n’est pas une simple répétition mécanique de ce qu’on vient d’entendre — est un phénomène qui ne peut qu’entraîner les conséquences qu’il a entraînées : la création de mondes de paroles ayant des liens entre eux au moins aussi importants que ceux qu’ils ont avec le monde concret. L’invention de l’écriture, qui est l’entrée de la répétition mécanique dans le monde des mots, a permis de concrétiser les liens en leur donnant une présence physique qui favorise des dissections inimaginables dans l’oral. Puisque la raison ne travaille que sur les liens, voilà que la position des mondes de paroles par rapport au concret est théoriquement (c’est-à-dire parmi les paroles organisées en discours) sans importance. Voilà, qu’on peut même faire disparaître le concret en tant que concret.

Non seulement la raison s’alimente de liens mais elle s’ennuie facilement de voir toujours les mêmes ; elle a besoin de créer elle-même de nouveaux liens pour les ingurgiter, les assimiler et les restituer afin qu’ils deviennent des aliments pour d’autres raisons. Il est évident que je parle de la raison et non de la Raison : de la raison propre à chaque individu. Je parle de raison comme je pourrais parler de nez ou de bouche même si la raison ne s’identifie pas au cerveau. Comme il n’y a pas de bouche universelle ainsi il n’y a pas de raison universelle, mais comme ma bouche a plein de choses en commun avec la tienne, entre autre le fait qu’elle puisse mordre, baiser, etc. ainsi ma raison a des choses en commun avec la tienne. Mais rien de plus. Pas besoin de penser à une Raison et encore moins à un Dieu.

En créant de nouveaux liens la raison crée des chemins, ouvre des possibilités dont elle est incapable de juger le « réalisme » car, pour elle, tout lien est « réel ». La raison était en réseau bien avant la mode des réseaux : elle est réseau, rien d’autre que réseau.

 

22 août 2002. Nettoyage ethnique. Lorsque la situation est dramatique il est de mauvais ton de peser ses mots même dans un quotidien sage comme Le Monde. La réforme agraire au Zimbabwe « tourne au nettoyage ethnique ». Pourquoi ? Parce que 215 fermiers blancs ont été arrêtés, ont été remis en liberté sous caution et devront se présenter devant un tribunal « qui pourrait les envoyer pour deux ans en prisons ». Arrête ton charre ! T’en a pas marre ! Même Doris Lessing a dénoncé la folie de Mugabé. Même Bush a déclaré que « le statu quo politique au Zimbabwe est inacceptable ».

 

23 août 2002. Proverbes, En français on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. En italien on ne peut pas avoir le baril plein et sa femme saoule.

Deux manières de dire la même chose mais avec des images tellement différentes que je suis tenté de faire des considérations sur les deux cultures en partant de ces proverbes. Je ne le ferai pas. En dépit que j’en ai, je ne serais pas objectif,

 

24 août 2002. Zimbabwe et Canada.

Au Zimbabwe : les brondants tracteurs sont réduits au silence et les fermes fertiles sont oisives.

 

Au Canada : les bandants facteurs sont réduits à la conscience et les femmes fertiles sont oisives.

 

25 août 2002. G. Une troisième grande découverte littéraire s’est ajoutée aux deux que j’ai faites dans les vingt dernières années (Ducharme et Levi) : John Berger. Plus précisément G, de John Berger. Plus précisément les premières deux cent vingt sept pages de G. (jusqu’à aujourd’hui j’ai lu 228 pages sur 406). J’ai le temps de changer d’avis ? Pas sur les premières 227 pages.



[1] Tiré de : Vincent de la Broussaille, Charlotte, Charmounde et Charles au Château de Chambord, Édition du chas, Bordeaux, 1837.