4 mars 2002. Le monde. On a tellement répété que notre monde est le langage, qu’on finit par le croire et quand, après avoir calé sa septième Boréal, elle dit : « Je ne suis pas sûre de moi », on rêve d’animaux aphones. Que veut dire ne pas être sûr de soi ? Rien. Moins que rien. Absolument rien. Asrtau berel poucil aussi ne veut rien dire. Mais, alors, pourquoi n’a-t-elle pas dit asrtau berel poucil ? Parce qu’on a besoin d’expressions prêtes-à-chausser, quand la route que le langage cache est trop escarpée. De tels énoncés me font osciller entre deux positions également inconfortables et tristes : écacher le locuteur afin que langue, cerveau et ventre se fondent ou m’enfuir dans un monde sans voix mortes pour cueillir des mots muets. Pourquoi a-t-elle dit : je ne suis pas sûre de moi ? Parce qu’elle vit, comme toi et moi, dans un monde où on veut nous faire accroire qu’on n’est pas nécessairement ce qu’on est. Ce qui fait l’affaire de très peu de gens. Très peu de gens, mais des gens qui content.

 

5 mars 2002. Catégories. Toutes les fois qu’on veut mettre des personnes dans des catégories on tombe dans des simplifications irritantes : les catégories physiques créent des formes plus ou moins rachitiques de racisme ; les catégories morales pourrissent tout ce qu’elles touchent ; les catégories psychologiques, celles qui nous intéressent en ce moment-ci, obligent à figer des éléments qui, par définition, sont dynamiques — ce qui a le démérite de nous faire confondre les mouvements de l’âme avec les mots qui les habillent. Et pourtant il semble que l’on ne puisse pas s’en passer.

 

Parmi celles que je connais, la catégorisation de Muster et Youngson, me semble être la moins dangereuse, celle qui réussit à organiser les concepts sans trop les dévitaliser. Ma préférence est certainement due au fort lien corps-esprit qu’elle sous-entend mais, surtout, à une phrase dans l’introduction du livre[1] qui enlève toute saveur morale à la catégorisation : « chacun préfère sa catégorie préférée ». L’idée est très simple, il s’agit de mesurer la distance entre la tête et le sexe et d’établir des cas significatifs pour fixer les frontières des catégories[2]. La classification est fondée sur l’hypothèse que dans les individus, pas encore trop saccagés, le parcours des stimuli est bidirectionnel : du bas ventre à la tête et vice-versa. Voici une synthèse des cinq catégories :

Cat. 1 : personnes dont la distance entre la tête et le sexe est si grande que les impulsions meurent avant d’arriver à la cible. Note : Il a été scientifiquement prouvé qu’il n’y a pas de corrélation entre la distance physique et celle psychologique.

Cat. 2 : personnes à parcours zéro. Elle se divise en : 2.a) personnes ayant le sexe dans la tête et 2.b) personne ayant la tête dans le sexe. Certains chercheurs préfèrent considérer 2a) et 2b) comme des catégories à part entière, ce qui est correcte quand on met au centre la tête ou le sexe. Personnellement je trouve le choix de M. et Y. plus interressant.

Cat. 3 : personnes ayant une distance courte mais pleine de virages. Cette catégorie a beaucoup de points en commun avec la Cat. 1.

Cat. 4 : personnes à la distance longue mais rectiligne. Il s’agit des personnes que les chercheurs américains appellent time driven.

Cat. 5 : personnes ayant une seule direction. Cette catégorie, comme la 2, est divisée en deux sous-catégories : 5.a) seulement de la tête au sexe, 5.b) seulement du sexe à la tête. Des études publiées par la faculté de médecine de l’université d’Edmonton montre que cette catégorie ne contient pas de femmes.

 

Même si le passage d’une catégorie à une autre est très rare après l’âge de 7 ans, dans la littérature on a recensé un certain nombre de changements de catégorie. Les passages les plus nombreux sont ceux de la cat. 1 à la cat. 2.a) (surtout des femmes dans la vingtaine) et de la cat. 1 à la cat. 5b (principalement des hommes dans la cinquantaine). Dans tous les sujets, le premier type de changement avait été favorisé par le vieillissement des résistances hosomériques et par un travail au corps des amis. Le passage de la Cat. 1 à la Cat. 5b) est hautement corrélé avec un haut niveau de DID (Dissociative Identity Disorder)[3].

 

6 mars 2002. Derrière les persiennes. Un de ces jeux crétins dont je suis si friand : « Tu es aux portes du paradis et on te demande de choisir le moment de ta vie qui sera ton éternité. » Dire la vérité ? Trop de vin sur la table, elle risque de se tacher. Et puis, pourquoi pas ? Courons le risque.

 

Assise devant la fenêtre, sur un fauteuil au dossier trop bas, une jeune femme allaite un bébé. Derrière les persiennes, le soleil d’un après-midi de septembre, chaud comme dans un après-midi de juillet et l’air coupant comme celle d’un matin, de septembre. La poussière joue dans les lames de lumières qui zèbrent les jambes ballantes d’un enfant de sept ans ; assis sur le lit de ses parents, il lit une fable d’Ésope. Viens voir ton frère, tu finiras après. Obéissant, il dépose le livre sur la table de nuit. Attention de ne pas renverser l’eau. Il garde les yeux baissés, à quelques pas de sa mère. Approche-toi, viens regarder ton frère. Il fait un autre pas. Pourquoi tiens-tu, les yeux baissés ? Il lève les yeux qui rencontrent le regard de sa mère net et chaud comme le jour que les persiennes s’efforcent de cacher. Regarde comme il est gourmant ! Toi, quand tu étais petit comme lui, tu étais moins affamé. Tu étais tellement petit ! Il suit le regard de la mère qui se pose sur le visage du bébé. Il regarde. Il regarde la peau de sa mère qui se confond avec celle des joues bruyantes de son petit frère. Il regarde. Il regarde la peau de sa mère et la tête et le ventre s’agitent. Il faut changer de place, mon petit loup. Elle détache le bébé du sein. Une énorme tâche rose sans peau, avec des petits boutons et un tout petit doigt. Prends-le. Il serre son frère dans ses bras. Ne le serre pas si fort, il ne s’enfuit pas. Il regarde la tache et le petit doigt glisser dans le chemisier. L’autre sein, libéré par une main attentive, éclaire la chambre. Donne-moi ton petit frère. Elle lui frotte le dos. As-tu entendu comme il a digéré notre loup ? Il n’a rien entendu, tous ses sens se sont blottis dans ses yeux. Pure vision. Vision pure de la peau maternelle de la mère. Elle approche la petite bouche chercheuse qui se fixe à la tache de rose. Tu aimes regarder ton petit frère, n’est-ce pas ? Il aime.

 

Où es-tu jeune femme assise devant les persiennes ?

Tes os dans un triste cimetière.

Ton regard, tes seins, ta lumière et tes ordres dans une tête, triste.

 

7 mars 2002 Retour. Je suis revenu hier à Montréal, après quatre mois d’absence. Je ne m’attendais pas de retrouver une ville sale et blafarde comme si on était en avril. Ils disent qu’il a neigé très peu. Ça doit être pour ça que papiers, merde, matelas et seaux s’entassent dans les ruelles comme le gras de phoques, chez nous, en juin.. À bien y penser, je me fous de la propreté de la ville : il suffit que je ne sois pas obligé à zigzaguer au milieu des étrons comme dans la ville merdeuse (jadis ville lumière) ; par contre, je me fous moins de la merde écrite. Aujourd’hui j’ai fait ma premier lecture du Devoir après quatre mois et… et quelle envie… d’engueuler Ivan et Véronique qui n’ont ni le bon goût ni le sens de l’hospitalité pour interrompre l’abonnement à ce papier de merdographes quand j’habite chez eux. Ouais... On ne demande pas à des petits bourgeois occidentaux d’avoir notre sens de l’hospitalité !

 

Revenons à nos phoques. À la page B-7, à la page culturelle. Ça vaut la peine de la regarder en détail. Elle est divisée en trois parties : la partie supérieure contient deux articles, celle au milieu l’horaire de la télé et la partie inférieure est remplie d’avis légaux. Le responsable de la mise en page, probablement pour ne pas trop détonner de l’ineptie ambiante, n’a pas eu le courage de mettre en haut les avis et de réserver le bas de la page aux articles. Pour qu’il renverse l’ordre, il aurait suffit qu’il se demandât combien d’articles de gens, bien plus à l’aise avec un clavier qu’Odile Tremblay, il aurait fallu pour donner la même quantité d’information de ce petit carré.

 

J’avise par la présente Samuel Laroussi Ben Hamida que Sylvie Beauchemin, en sa qualité de mère, domiciliée dans le district de Montréal, présentera au Directeur de l’état civil une demande pour changer le nom de Antony, William, Jacques, Ben Hamida en celui de Antony, William, Jacques, Ben Beauchemin.

 
 

 

 

 

 

 

 

 


Heidegger a écrit 609 pages (dans l’édition Gallimard) sur le Sophiste de Platon. Si je suivais sa méthode de « familiariser avec des concepts » que l’on connaît « comme allant de soi. », sur ce carré, je pourrais en écrire 6009. Mais, même si mon livre risquerait d’être plus intéressant que celui de Heid, je ne le ferais pas parce qu’il a trop de livre profonds et intelligents qui font des théories sur le monde en partant de crottins d’âmes. Seulement quelques mots, pour ne pas perdre la forme : dans le carré on trouve un concentré de la problématique de la société québécoise (et non seulement) : les rapports entre les femmes québécoises et les immigrants, les rapports des francophones aux anglos, des Occidentaux aux Arabes, des humains aux noms, des bureaucrates au pouvoir, de la société à la religion — le fait que le « D » majuscule, qui à notre époque abandonne souvent « ieu », ce soit mis en tête de « irecteur », n’est certainement pas anodin et c’est moins lié à l’éffondrement de l’importance de Dieu qu’à la longueur du signifiant[4]. Ça suffit pour la partie d’en bas.

 

À propos de la partie centrale je dirais seulement que les commentaires de Paul Cochon sont fort intéressants. Vraiment fort !  — je prends la liberté de changer la graphie du nom car, faisant partie de la minorité qui croit que Nomina sunt consequentia rerumn, je suis sûr que « Cauchon » est une erreur de frappe ou que, un jour quelconque, un Cochon quelconque a fait une demande en bonnet de forme pour changer le « Cochons » en « Cauchons ». À propos d’une émission qui se titre TABOU, par exemple, il écrit, avec une concision assez rare de nos jours : Drame psychologique fort. Je me demande s’il ne voulait pas dire Drame fort psychologique.

 

Quelques mots sur la partie du haut. Il y a un article de 560 mots titré La politique québécoise du livre déçoit. Pourquoi déçoit-elle ? Dans le chapeau la réponse : 231 millions de dollars plus tard, le niveau de lecture est toujours en baisse. Qui déçoit-elle ? Surtout la ministre Diane Lemieux qui espère faire mieux (et penser qu’il y a des cons qui croient qu’on n’est pas notre nom !) Il faut lire, lire, lire, lire et fréquenter les cimetières des mots… Mais pourquoi ? Essayons, comme dit Heid, de réfléchir sur ces concepts qui semblent aller de soi. Essayons de le faire en attendant que mes hôtes se lèvent. Et si la baisse de la lecture était un indice de la hausse, que sais-je ? de la réflexion, de l’action, de l’amour ou du plaisir ? Diane Lemieux dirait qu’il est impossible car la lecture est « une habileté de base indispensable dans une économie du savoir. » Et si c’était la lecture qui nous a drainés dans l’enfer de l’économie du savoir ? Et s’il fallait prendre des mesures radicales et favoriser, je ne dis pas pour toujours, mais au moins pour deux ou trois millénaires la non-lecture et se réjouir de toutes les baises de lecture ?

 

Il est huit heures et ils se lèvent.

 

8 mars 2002. Maigres. Mon ami n’est pas marin, pas marin du tout. Par contre il peut être marrant, comme quand il dit qu’il n’aime que les planches à poil.

 

9 mars 2002. La mourre. Les âmes des morts repentis in extremis se pressent autour de Dante-le-voyageur qui a hâte de gravir la montagne du purgatoire et Dante-l’écrivain nous offre une des images les plus célèbres de la Comédie : pendant que le perdant relance sans cesse les dés pour braver le destin, les gouapes suivent le gagnant en espérant avoir quelques miettes et quand ils les ont eues, ils cessent de le suivre. Voici le célèbre début, en six versions :

Quand on se sépare après une partie au jeu des dés,

Celui qui perd demeure seul et dolent,

Refaisant les coups, et, triste, il s’exerce[5].

(traduction de L. Espinasse-Mongenet)

 

Quand se dénoue une partie de dés,

Celui qui perd reste là tout chagrin

Et, répétant les coups, triste, il s’exerce.

(traduction de M. Scialom)

 

Pézard camé aux archaïsmes, appelle le jeu de dés hasart. :

Quand beau hasart deux joueurs départage,

Celui qui perd demeure seul et morne

Et les coups répétant mare s’instruit

(traduction de A. Pézard)

 

Vegliante ose un peu moins et écrit azar :

Quand s’est terminé la partie de azar,

Celui qui a perdu reste là dolent,

Refaisant les coups en vain pour apprendre

(traduction de J.-C. Vegliante)

 

Risset et Masseron écrivent comme Dante zara :

Lorsque prend fin le jeu de la zara,

Celui qui perd reste chagrin,

Et s’instruit tristement, n répétant les coups

(traduction de J. Risset)

 

Quand fini le jeu de la zara, celui qui perd en reste tout dolent, en refaisant les coups, et s’instruit dans l’amertume.

(traduction d’A. Masseron)

 

Maintenant que vous avez dégusté ces six crus je ne vous demande pas de les comparer[6], mais de comprendre mon étonnement à propos du commentaire de J. Risset où elle écrit que la zara est un jeu équivalent à la mourre. La mourre ? Cette femme est folle. Comparer la mourre à un jeu de dés c’est comme comparer le polo au curling ou les abdominaux de Stallone à la prostate d’Arafat. Elle n’a jamais passé des heures dans les cafés des villages italiens d’avant le Boom à écouter les cris saccadés des joueurs suivre les doigts jaillissant comme des lames des poings éduqués au travail. Jamais elle n’a observé la tête orgueilleuse du gagnant se lever et faire le tour de l’assistance pour accueillir les applaudissements muets des yeux bridés d’ironie. Jamais elle n’a vu les doigts, sales de fatigue, retourner au poing et, oublieux des règles, frapper le visage de l’adversaire qui a triché un peu trop. As-t-elle déjà entendu les chaînes de jurements qui lient Dieu le père, la vierge et le fils aux animaux les plus abjects et aux ordures de l’esprit ? Non. Non, parce que si elle avait vu, elle aurait su que dans la mourre il n’y a pas de hasard, mais seule l’intelligence vive de celui qui, ayant étudié l’adversaire, le mène par le bout des doigts. Un perdant qui « refait les coups » comme dans la scène du Purgatoire, n’existe pas parce qu’il ajouterait raillerie à la perte. Le perdant rappelle le gagnant… une autre… encore dix points… une seule encore… trois points et on arrête… et il lutte jusqu’au dernier sous ou jusqu’au dernier brin de lucidité avant de suivre le fils qui le guide vers une autre table remplie de cris d’enfants où la main ouverte de la mère garde l’ordre.

 

Ce n’est pas tellement grave si elle ne connaît la mourre et en parle. Si de ce qu’on connaît il faut se taire, quoi de plus normal que de parler de ce qu’on ne connaît pas ?

 

10 mars 2002. Des deux envies. Puisque je ne l’ai jamais vue et je n’ai jamais rien lu d’elle — jusqu’à il y a deux mois je croyais qu’elle était la propriétaire des usines Bombardier — je n’ai jamais participé au mépris méprisant de gens de mon milieu envers Denise Bombardier Ce matin, attiré par le titre d’un article : Le péché capital québécois, j’ai lu le premier paragraphe et j’ai ainsi eu le premier vrai contact avec elle. Et, de cela, je veux vous entretenir.

Ce paragraphe m’a permis de comprendre que mes amis se trompent complètement. Il n’y a pas matière à mépriser car il n’y a pas de matière : elle étale une ignorance qui donne, tout au plus, envie de la materner. Par contre, il y a matière à lire : depuis que le monde est monde, et donc langage, les textes remplis de banalités et de conneries permettent de mieux comprendre que les écrits réfléchis. Elle écrit sur l’envie en partant d’événements sans intérêt autour du con court de je ne sais pas quelle gémelle. Après avoir dit qu’il s’agît d’un péché capital auquel personne n’échappe (mais alors pourquoi ce québécois dans le titre ?) elle soutient sa thèse de docte rate avec un exemple puissant et bien à popo : « Mettez deux bébés côte à côte puis donnez un hochet à l’un et un toutou à l’autre. Que feront-ils ? Le premier tentera d’ôter aux second ce qu’il n’a pas reçu. L’envie appartient donc à la nature humaine. » Comme vous pouvez le noter l’emploi de l’adjectif « puissant » pour caractériser la sortie de Bombardier n’était pas ironique : force est d’admettre que la phrase qui clôt le paragraphe, à cause de sa concision nécessaire et de sa nécessité concise, est un mélange, fort amélioré, du mieux de la logique d’Aristote et de Kant. Pourquoi donc ce à popo, qui semble porter atteinte, de manière pas très subtile, au texte ? Qu’y a-t-il qui ne va pas dans cette image si poétiquement réaliste ? C’est simple : ce qu’elle décrit n’a rien à voir avec l’envie telle qu’elle entend, c’est-à-dire le « Sentiment de tristesse, d'irritation et de haine contre qui possède un bien que l'on n'a pas. ». Elle confond cette envie (le péché capital) avec l’envie en tant que désir (j’ai envie de toi, de ton toutou, de ton sac à main, de ton argent). Elle ne connaît pas la puissance du désir qui est ce qu’il y a de plus éloigné de l’envie. Les deux envies n’ont rien à voir : la deuxième nous tient en vie et la première nous sort de la vie. Rien à voir. Vraiment rien à voir. À moins que… à moins qu’elle ne fasse pas référence à saint Thomas d’Aquin. Je suis sûr que mes copains exagèrent quand ils disent qu’elle ne comprend même pas ce qu’elle écrit et qu’elle est ignorante comme une vieille cruche tout en ayant la prétention d’un Von Heilsteim. Avant d’écrire sur un péché capital elle a certainement consulté la Somme. Allons-y donc, dans la Somme : « Il arrive que le bien d’autrui soit considéré comme un mal personnel. […] parce qu’il peut résulter de diminuer notre gloire et notre réussite propre. C’est ainsi que l’envie s’attriste du bien d’autrui. Voilà pourquoi on envie surtout les biens qui comportent de la gloire[…].[7] » Difficile d’imaginer des bébés épris par la gloire, n’est-ce pas ?. Des projections, madame la comtesse, des projections.

 

La chèvre de Garnotte. Je continue à être un fan de Garnotte même s’il dessine des chèvres pas tout à fait chèvres. Probablement il a déjà vu une chèvre, mais il est certain qu’il n’a jamais vu les pis d’une chèvre. Sa chèvre a des pis de vache. Seulement la moitié, il est vrai, mais des vrais pis de vache.

 

Ignorance. « J’ai peur que tu défendes Mugabwe de façon abusive. » Elle a sans doute raison, mais quand je lis le début d’un article comme celui apparu dans Le monde du 8 mars, j’ai encore plus envie (ou sens de désir, chère madame Bombardier !) de le défendre : Il est le diable, l’Ubu africain à la moustache hitlérienne, un vieillard de 78 ans qui s’agrippe au pouvoir, tue ses opposants, lâche ses hommes de main sur les fermiers blancs… Il est certainement corrompu, comme la majorité des dirigeants occidentaux, orientaux et africains. Peut-être plus. Mais il est certain qu’il est devenu le diable à la moustache hitlérienne après ses attaques aux intérêts de fermiers blancs. Comme excuse de ma façon abusive, il faut dire que, comme Garnotte est ignorant des chèvres, Risset de la mourre et Bombardier de la langue, moi je le suis de la politique ; ce qui me permet des prises de position excessives. Sacrée ignorance, éternelle source de sagesse.



[1] J.T. Muster, A.P. Youngson, Mind’s and Sex’s Categorisation : a practitionners approach, Mc Graw Heal, 1998,

[2] L’organisation en catégories, surtout quand les catégories sont floues, permet de créer plein d’« autres » et, lorsque les catégories sont nombreuses, on se retrouve à être toujours l’autre de plein d’autres, ce qui, si on a gardé les yeux de l’esprit ouverts, nous oblige à dire qu’il n’y pas d’autres.

[3] Auparavant appelé Multiple Personality Disorder. American Psychiatric Association, Diagnostic and Statistical Manaul of Mental Disorders (DSM-IV-TR), fourth edition, 2000.

[4] Voilà une démonstration sans failles de l’inexistence de Dieu. La longueur des mots étant très importante (plus ils occupent de temps dans l’élocution et plus ils en enlèvent aux autres mots), si Dieu existait, étant donné qu’il est tout puissant, il se serait donné un nom très long. Puisque son nom est court (dans toutes les langues et, parfois, il est même imprononçable, comme en hébreux) il s’en suit qu’ou bien Dieu n’est pas omnipuissant (et donc il n’est pas Dieu) ou bien il n’existe pas. C.Q.F.D.

[5] Quandi si parte il gioco della zara

colui che perde si riman dolente,

ripetendo le volte, e tristo impara.

[6] Personnellement, je préfère la version de Pézard

[7] Thomas d’Aquin (saint), Somme théologique, (II-II, Q36, A 1, Qu’est-ce que l’envie ?), CERF, 1985.