25 mars 2002 Ursula. Une femme[1], après une tentative de suicide, paye un homosexuel, — le même qui l’avait accompagnée à l’hôpital quand elle s’était coupé les veines dans les chiottes d’un bar gai — afin qu’il la regarde « par où je ne suis pas regardable ». Dans un jeu, où la femme est toujours en contrôle de la situation, un déclic s’opère dans la tête de la victime et adviendra ce qui devait advenir. Le rapport aura lieu. Et l’homicide aussi. Elle reculera jusqu’à la balustrade, de cette maison de « style balnéaire obsolète » de la Côte basque, où advint ce que devait advenir, sans qu’il la touche, poussée seulement par le regard : « un grand plouf quand le corps s’est fracassé dans l’océan en contrebas. » Non, pas seulement par le regard : « Il n’a eu qu’à la pousser pour qu’elle tombe dans le vide. »

 

Dans le livre, j’ai trouvé une définition du désir comme je n’en avais jamais lu : « Le désir vient de la nouveauté excessive qui fait que tout espoir de fornication possible est comme la promesse d’une nouvelle vie. ». Une définition que j’aurais pu donner si la peur de formuler des phrases qui risquent un rejet ne me tenait pas toujours sur la grande route de la facilité. Un peu plus de courage dans la parole et j’aurais pu l’écrire. Comme cette autre phrase : « Le pouvoir de la tentation ; ce pouvoir occulte et secret qui tient en vie. » qui me semble si riche de promesses et un antidote puissant contre la monotonie de l’accouplement.

 

Il a été pour moi facile de m’identifier à cette femme qui « porte une carapace moderne et hétéroclite, composée d’un jean et d’un T-shirt ». Comment ne pas me sentir complètement mise à nu quand elle écrit des femmes qu’elles « n’ont pas d’innocence, mais le pouvoir de leur apparente innocence » ? ou quand elle dit que « comprendre sans se confondre est impossible » ? Et cette autre « Toute attente est par définition toujours déçue. » ?

 

L’autre soir, je lisais à haute voix le livre à deux amis qui n’avaient pas l’air bien enthousiastes. Après une dizaine de pages, ma voix a commencé à ne plus m’obéir, mes mains à trembloter ; je sentais sourdre de mon ventre « le pouvoir de la tentation ». Le moins soul des deux me demanda ce que j’avais.

    Rien, rien… ça doit être de l’hyperventilation.

    T’es toujours compliquée, toi.

    Oui.

Oui, un peu comme le personnage de Breillat. Mais, je ne suis pas sûre que ce soit de la complication. C’est moi. C’est ce que les hommes appellent complication, faute d’en reconnaître la simplicité. J’avais envie de leur demander : « et si ce n’était pas de l’hyperventilation ? Ce serait quoi ? Du désir ? Ça vous ferait peur, n’est-ce pas ? »

 

Un bref retour au livre. Je n’ai pas compris l’assassinat, je le trouve sinon gratuit au moins non nécessaire. Il me semble qu’il ne cadre pas bien dans le tout, qu’il répond à un besoin trop immédiatement cinématographique. Pourquoi n’a-t-elle pas fini sur cette note : « Ils s’embrassèrent comme deux amants qui savaient et que ne troublait pas l’usage vain du langage » ? Sans doute parce que cela aurait été trop hollywoodien.

 

26 mars 2002 Diversité. Tous les couloirs de l’UQAM sont tapissés d’annonces pour la Semaine de la biodiversité. Quand aurons-nous des annonces pour la Minute de la psychodiversité ? Une minute. Une minute et ce serait déjà un succès — dans nos universités où toutes les têtes se ressemblent comme fric et froc.

 

27 mars 2002. Marie-Andrée. Si le terme « homicide » en tant que « celui qui tue » ne m’a jamais trop dérangée, « homicide » dans le sens d’« assassinat » m’a toujours fait un effet fort désagréable, quant il s’applique aux femmes. Une femme, pour moi, ne peut être « homicidée » même si elle peut « homicider ». Quand une femme est tuée, elle l’est pratiquement toujours parce qu’elle est une femme, parce qu’elle fait peur en tant que femme. Un homme, par contre, est souvent tué parce qu’il fait partie d’un gang, parce qu’il est dans une armée… Dans Pornocratie[2], on a un bel exemple d’homicide qui n’en est pas un, d’un gynécide — la trop grande assonance de ce néologisme avec génocide, ne me dérange pas. Au contraire.

 

Pornocratie est un livre dont le dénouement supporte la réflexion avec un naturel très difficile à trouver dans les récits courts, surtout dans les récits contemporains qui, trop souvent, excèdent dans la description de l’action pour l’action ou, au contraire, dans un philosopher ou dans un « psychologiser » de manuel de lycée. C’est surtout pour cela que je l’ai aimé. Je l’ai aimé comme on aime un bon livre mais, contrairement à Ematze, je ne crierais pas au chef-d’œuvre parce que le fait que la réflexion épouse les événements n’implique pas qu’elle soit toujours intéressante.

 

Parfois Breillat pèche par intellectualisme et tout intellectualisme finit toujours par se confondre avec la sottise ; comme lorsqu’elle écrit que « Car toute attente est par définition toujours déçue. » L’attente est déçue, par définition, seulement si on confond « attente » en tant qu’attente avec ce qu’on attend. Et quand elle écrit « Ce qui est n’est pas. » Est-elle en train de singer Lacan ou écrit-elle une phrase gratuite, par la simple fascination de la difficulté, de la contradiction ? Il est vrai que ce constat « philosophique » vient après qu’elle a écrit : « La vision, ni le toucher, ni l’investissement des chairs génitales de la femme n’est rien. ». Mais qu’est-ce que ça veut dire que tout ce qu’on fait de (avec) la chair qui génère n’est rien ? Rien, rien ? Ou rien par rapport à quelque chose d’immense ? Un rien fruit d’un mysticisme de la chair et du sexe, un rien qui est la porte du tout ? On pourrait tout dire et le contraire de tout, en partant de cette phrase. On devrait, sans doute ne rien dire et laisser travailler la suggestion. Mais je crois que là, l’auteur est tombé dans le piège que les formules bien confectionnées tendent aux poissons qui pensent penser.

 

« C’est la profondeur de cette obscénité, cette profondeur féminine, infinie et putride que vous envie les garçons qui ne vous aiment pas et que haïssent ceux qui vous aiment. » Quelle femme n’a-t-elle pas ressenti cela des centaines de fois dans sa vie ? Combien de femmes ont-elles sauté au-delà de la barrière et on dit bye-bye aux hommes, parce que, pour elles, « la profondeur de cette obscénité, cette profondeur féminine, infinie » n’avait rien de putride, mais elle était une chambre, une chambre de décompression de la souffrance, une chambre ouverte sur le monde, la chambre du monde. N’est-ce pas pour cela que les femmes qui s’aiment entre elles ne sont pas dans un simple jeu de miroir comme les hommes ? N’est-ce pas cette « profondeur féminine » qui garde les femmes avec les pieds par terre et le regard ouvert sur autrui même quand elles dansent dans le superficiel ? N’est-ce pas elle qui les empêche de suivre Narcisse même quand elles décident d’ignorer le toucher de cette partie de l’humanité qui semblait né pour les aimer ?

« Car le sexe de la femme est bien plus grand que celui de l’homme », et cela ça leur fait peur, et, leur peur, ils la font toujours payer cher. « Ce sera chair », dit l’homme au début. Ce sera chair, très chair, trop cher.

 

28 mars 2002. Mâle. Je me sens mâle, terriblement mâle. Couillon. Tellement couillon que je ne vois pas les maux du je derrière les jeux de mots

 

29 mars 2002. Marguerite. « Millet, Bréillat, Angot… arrête de te cacher derrière ton petit zizi ! Ce n’est pas parce que ce sont des femmes que tu les lis : c’est parce qu’elles parlent de cul. Lis L’œuvre au noir ou Le carnet d’or ou Trois guinées… Lis des livres qui ne sont pas une simple mise en marché de pipi caca pour adultes retardés. Tu m’as obligée à lire Pornocratie[3], un livre sans beaucoup d’intérêt, qui vole au ras des paquerettes et que toi, si tu étais honnête, tu aurais lancé dans la cheminée après les deux premiers paragraphes. Ton exaltation sonne faux. Elle vient du fait que Breillat dit des choses que tu rasasses depuis des années : les homosexuels sont homo parce qu’ils ont peur du sexe de la femme, de sa complexité. Ça se dit en une phrase. Après on passe à autre chose. Mais, c’est toujours pareil, pour toi les seuls livres qui valent sont ceux qui disent ce que tu penses. Ouvre ta petite tête. Lis L’œuvre au noir. » Oui, ma prochaine lecture sera L’œuvre au noir. Je suis un petit homme obéissant, moi.

 

30 mars 2002 La logique et le Vatican. Je n’ai jamais pensé que la logique du Vatican (surtout la logique raffinée des Jésuites) était à l’épreuve des faits du monde, même si la casuistique m’a toujours semblé plus « mondaine » et donc plus dans la vie que la fermeture de Pascal, par exemple. Que les clercs emploient la logique pour faire dire au monde ce qui les intéresse, n’a pas besoin de démonstration. Cela admis, il y a des moments où il faut un minimum de logique si on ne se contente pas de montrer des faits mais qu’on veut démontrer quelque chose, comme le fait Maureen Dowd dans le numéro du 24 mars du New York Times.

 

Elle écrit contre les prises de position (et surtout les non prises de position) de l’Église catholique face aux accusations de pédophilie portées à une quantité croissante de ses ministres. Derrière le ton, encore plus gris de morale que celui de tous les cardinaux et les évêques réunis, on sent des choses sensées — je dirais même justes — mais, mon Dieu, que le tout est rempli de vide !

 

Je commence à me pomper… j’abandonne la critique que je voulais faire à sa logique, je en serais pas logique[4]… je me lance…

 

Elle critique le pape parce, que quand il parle des « frères », il dit qu’ils ont succombé au « mysterium iniquitatis » (le mystère de l’injustice[5]). « L’appeler le mystère du mal dissout le problème. Il n’y a rien de bien mystérieux dans la pédophilie. C’est un crime. » Une affirmation d’un tel simplisme donne envie, même à quelqu’un comme moi qui préfère un pet d’âne à un discours du pape, de baiser la mule du souverain pontife et, à travers lui, demander au Christ de lui donner la foi et avec elle la grâce qui seule ouvre les portes du paradis.

 

Ce que Dowd ne semble pas voir compris, c’est que quand le pape dit mysterium iniquitatis, il dit une chose bien plus forte, du point de vu politique, intellectuel et existentiel, que « C’est un crime ». Pour juger de la position du pape, elle devrait considérer ce qu’il dit dans le contexte de l’idéologie catholique et, dans ce contexte, mystérium iniquitatis, est ce qu’il pouvait dire de plus fort. On ne demande pas au vicaire du Christ de parler comme un petit avocat de province ou comme un journaliste d’ABC ! Dire que l’existence de l’injustice est un mystère peut devenir une excuse pour relativiser l’importance de la loi humaine, mais c’est aussi un moyen pour nous remettre les pieds dans la boue qui cloque dans les soubassements de nos corps. Même sans être catholique, qui, avec un peu d’esprit et de connaissance des affaires du sexe (ce qui est à peu près la même chose), peut penser qu’il n’y a pas de mystère dans ce qui est imbu de désir ? Probablement seulement ceux dont l’aigre démangeaison ne donne que des baies stériles, que des mots dans les journaux, que des plaidoiries dans les cours d’injustice ou des vérités étiques dans les salles de classe.

 

Probablement

seulement

ceux qui

ont troqué l’amour pour la tranquillité,

confondent violence et pédophilie,

ne voient pas la pauvreté qui jette les enfants dans la gueule du méchant loup,

croient qu’on éradique le mal avec la loi et

ont perdu leur âme au marché de la carrière.

 

Et les autres ? Les autres, j’espère, croient que le mystère est dans le corps mais que cela n’empêche pas qu’on défende les faibles quand ils sont attaqués. Sans recours à d’autres lois que celles qu’ils incarnent.

 

31 mars 2002. Pâques. « Ciceri » est un mot sicilien qui signifie fèves[6] et se prononce tchitchéri avec l’accent tonique sur la pénultième syllabe. Essayez, vous que la langue valeryenne mouille, de le dire. Pas du tout ! Tchi et non si. Non, chi non plus, Tchi, tchi Allez-y. Très bien pour le tchi mais vous accentuez trop la dernière syllabe. Encore une fois. Non, le é est trop long, trop chantant. Essayez encore…

 

Le 31 mars 1282 à Palerme, les Siciliens furent moins patients. Dès qu’ils entendaient un accent français (et, ils ne faisaient pas de différence entre oc et oui) ils tranchaient le cou au malheureux, sans considérer d’autres conditions, même celles que, d’habitude, dans l’île aux trois cornes on considérait sacrées : comme le fait d’être enfant, femme ou vieillard. Ils en égorgèrent 3 000, dans l’après-midi de ce lundi de Pâques et ils égorgeront pratiquement tous les Français qui vivaient sur l’île en l’espace de quelques jours. Mmaliditti franciusi[7]. Plus que maudits, les Français avaient été politiquement ineptes avec un chef, Charles d’Anjou[8] qui démontra une sensibilité politique digne de Sharon. Tout débute avant les vêpres, ce qui donnera le nom de Vêpres siciliennes à cette insurrection populaire que les barons trinacriens et les Aragonais sauront si bien détourner en leur faveur. Donc, en cet après-midis ensoleillé de mars, ensoleillé et chaud comme peuvent l’être les beaux après-midi de juin à Montréal, des files de filles, de noir vêtues, glissent vers l’église du Santu Spiritu[9] à Palerme. Celles qui ont un fiancé marchent avec leurs parents à quelques pas de leurs promis qui, à cette époque, en Sicile, n’étaient pas cools comme les chums de nos Québécoises. Quand un certain Drouet, un peu plus con ou un peu plus en rut que la moyenne, s’approcha de Maria Assunta et, avec l’excuse de vérifier si elle cachait un poignard, il lui sortit un sein et invita ses copains à regarder (« Venez, elle a un poil sur le mamelon », qu’il criait) se passa ce qui devait se passer : il se retrouva le poignard du fiancé dans le dos et les testicules dans la bouche. C’était parti. Et c’était fini pour les Français en Sicile. (Il y a quatre ans, je vécus quelques mois en Sicile avec ma copine française, et toutes les fois que, sous son parfait phrasé italien, j’entendais un léger accent français, je surveillais le front des indigènes et, si je voyais poindre le moindre pli, je m’empressais de dire qu’on était Canadiens et, par peur que l’ancienne rage ne sorte, j’ajoutais : « De Montréal, oui… comme Montreale dans cette île fantastique… C’est un évêque sicilien qui l’a appelée ainsi… Montréal n’est pas loin de New York… il y a beaucoup de Siciliens à New York… à Montréal aussi… nous avons un ami sicilien… de Catane… amicu di l’amici[10] »).

 

Pourquoi parler des vêpres siciliennes ? Côté ressemblance : aujourd’hui c’est Pâques et on est dans une année qui termine par 2 comme celle de la révolte sicilienne. Côté différence : aujourd’hui à Montréal, il y a une neige digne de Noël, les filles à trois heures de l’après-midi au lieu qu’aller aux vêpres viennent de se réveiller dans les bras d’un copain ou d’une copine (selon), les poignards soulèvent des tollés seulement dans les commissions scolaires. À cause de cela j’ai cru bon de me rafraîchir la mémoire avec cette sombre histoire de fouilles de filles et de gorges tranchées.

 

Pâques véronaises. Décidément les lundis des Pâques ne sont pas favorables au dialogue italo-français. Le lundi de Pâques de 1797, les Véronais massacrèrent les Français, armés non de prétention seule, qui se baladaient en ville.

 

Toujours à propos de massacres. Arafat. Arafat ne m’est pas sympatique. Je ne sais pas pourquoi. Ou peut-être que je le sais, mais je n’ose pas le dire. Il est inacceptable de juger les qualités d’un chef d’État à son physique. Sharon. Je n’aime pas Sharon et je sais pourquoi. Parce qu’il considère la vie humaine comme de la menue monnaie au marché du pouvoir.



[1] Une autre critique du Trempet du livre Pornocratie de Catherine Breillat, déjà recensé par Ematze le 19 mars.

[2] Et… trois. Au Trempet on n’a pas peur d’en rajouter. À moins qu’il ne s’agisse pas d’une sensibilité commune. Que le Trempet ne soit pas une communauté, au sens fort du terme : « groupe social dont les membres vivent ensemble, possèdent des biens communs, ont des intérêts, un but commun ».

[3] Décidément ça ne s’arrête plus.

[4] À ce propos j’avais préparé une invocation : William, toi qui fit de la langue anglaise un ouragan, James, toi qui la fit exploser et toi Thomas qui la purifia, pardonnez moi si j’ose jouer avec votre langue : Maureen Dowd is not logical, she’s lawgical, that is to say lowgical.

[5] De l’injustice et non du mal comme traduit Dowd.

[6] À ne pas confondre avec le caractère d'imprimerie de douze points typographiques (points Didot), soit 4,5 mm.

[7] Maledetti Francesi (maudits Français).

[8] Charles d’Anjou le fils cadet de Louis VIII, dit Le lion, ayant marié une certaine Béatrice, fille de Raymond IV de Provence, se retrouva avec une armée de fin finauds provençaux, parmi lesquels un dénommé Adalbert Drouet, qui aurait mieux fait de rester à emmerder les demoiselles de Forcalquier. Après avoir battu et tué, dans la bataille de Benevento, Manfred, fils naturel de Frédéric II Hohenstaufen, Charles d’Anjou prit possession de la Sicile où il démontra qu’on peut être frère d’un saint (Louis IX), fils d’un lion, petit fils d’un auguste (Philippe Auguste) et le protégé du pape (Clément IV) et être en même temps magnanime comme une blatte américaine (Periplaneta americana, vulgairement cancrelat) et duplice comme un marchant Florentin. Un Florentin, pas particulièrement connu pour sa duplicité, mais lui aussi assez épris d’une Béatrice — pas la même —  dans une Comédie assez connue, le rendit même responsable de l’empoisonnement de saint Thomas d’Aquin, ce qui est probablement faux car comme écrit, un des plus grands historiens du moyen âge, Girolamus Pedicatus dans ses Trigesimi Seculi Annales : « Thomas mourut suite à une écharde de syllogismes qui lui causa des spasmes glottaux mortels ».

[9] À prononcer santou spiritou, avec la pénultième accentuée.

[10] Mon accent lombard les faisait sourire d’un sourire suspect, qui semblait dire « Pour qui nous prends-tu, pour des ammuccabbaddi ? Fais attention à toi ! »