MIME-Version: 1.0 Content-Type: multipart/related; boundary="----=_NextPart_01C4F398.49D85770" Ce document est une page Web à fichier unique, ou fichier archive Web. Si ce message est affiché, votre navigateur ou votre éditeur ne prend pas en charge les fichiers archives Web. Téléchargez un navigateur qui prend en charge les archives Web, par exemple Microsoft Internet Explorer. ------=_NextPart_01C4F398.49D85770 Content-Location: file:///C:/AD3D3A34/Aou23-Aou29-04.htm Content-Transfer-Encoding: quoted-printable Content-Type: text/html; charset="us-ascii"
23 ao=
ût
2004. Certitude. Ils f=
urent
amis, amants et amis encore. Après la première bouteille de
Saint-Émilion, ils investiguent consciencieusement, calmement, avec =
la solennité
des gens saouls ce qui les firent basculer. Les idées vacillent touj=
ours
un peu plus et les sentiments se forment et se déforment derri&egrav=
e;re
les mots qui se culbutent. Le corps suit. Le corps suit ? On a l’=
;impression
que le corps suit.
Dès l’enfance, on nous ens=
eigne qu’on
a un corps et un esprit. Que les choses ont une âme. Hier, en é=
;coutant
mes amis qui furent amis, amant et amis encore, j’eus la certitude qu=
e ce
qu’on nous a enseigné à propos de l’esprit est fa=
ux.
Mais cette certitude est la compagne fidèle d’une autre, qui e=
st
certaine que l’enfance seule porte la vérité. Je ne dir=
ai
rien de la troisième, de celle que trop de gens disent partager, de
celle qui se nie en disant qu’il n’y a pas de certitudes.
24 ao=
ût
2004. Payer cher. Il ne
connaît pas encore le prix du « reviens ! =
;»
que la solitude lui a mis dans les touches.
25 ao=
ût
2004. Sentiments. Il
n’y a pas qu’une seule ligne au-delà de laquelle il
n’y a aucune possibilité de retour. Il n’y a pas que la
frontière inconnue entre la vie et la mort. Il y a aussi la ligne
au-delà de laquelle l’homme, incapable de voir les enfants,
cherche dans le désert de la théorie et de la politique une
impossible oasis. Lorsque l’enfant qui rit ou qui pleure ne sait plus
émouvoir, plus rien ne bouge. Rien ne vit. Il n’y a que calcul=
. Je
connais le refrain : tout cela est culturel ! Il y a des cultures
pour lesquelles il n’y a pas d’enfance.
Gazouillements lâches. Il y a un =
autre
genre d’enfance. Et dans cette autre culture aussi, lorsque l’e=
nfant
qui rit ou qui pleure ne sait plus émouvoir, plus rien ne vit.
Plus rien qui ait un rapport quelconque=
avec
les sentiments.
Rien à voir avec
l’insensibilité ou la cruauté. La cruauté est un
sentiment, comme l’amour. Comme l’amour nécessaire. Il
s’agit de toute autre chose. Il s’agit d’une invasion de =
la Théorie
des livres sacrés : de la Bible,
du Coran, de Mein Kampf…
26 août 2004. =
b>Tangage. Elle griffe, pleure, tape, hurle, gif=
le.
Elle n’a aucune peine à justifier ses mesquineries, sa
méchanceté, sa fermeture. C’est parce qu’elle n=
8217;est
pas sûre d’elle. Et nous ? Nous qui sommes un peu plus
sûrs, devons nous laisser piller par l’hystérie des
âmes qui tanguent sans arrêt et qui ont même le culot de =
se
vanter de leur tangage. (À vrai dire, quand elles attaquent, elles
oublient toute insécurité. Elles ne tanguent plus, plus du to=
ut.
On a même l’impression qu’elles sont en béton.
Difficile de leur en vouloir. Mais encore plus difficile de ne pas leur en
vouloir).
27 août 2004=
. Sollers.
Cette fois il s’agit du texte d’une conférence, lu &agra=
ve;
un meeting de lacaniens tendance Miller[1]<=
/a>,
plus précisément : « Communication donnée, à l’invitation de Jacques-Alain Miller, au meeting de protestation cont=
re
l’amendement Accoyer, à la
Mutualité, le samedi 10 janvier 2004 ». Là il =
est à
son maximum : spirituel, intelligent, cultivé, léger. Il
fourrage dans les tiroirs de l’histoire, saccage les idées
reçues, s’enthousiasme de ses capacités. Il est ivre fo=
rt.
On sent le personnage qui entre dans l’acteur sans se faire engloutir=
. On
sent l’homme que les longues années d’écriture ont
rendu esclave de tout ce que les autres lui apportent.
28 août 2004=
. Trop.
Vingt ans. Chemisier bleu fermé jusqu’au dernier bouton, jupe =
noire
à demi mollet, souliers noirs sans talon. Elle descend la rue Saint-Urbain d’un pas assuré qui tranche=
avec
le mouvement indolent des bras.
Pourquoi ces yeux que la tristesse empêche de regarder ?
Parce qu’on est samedi soir et qu’elle est seule ? P=
arce
qu’après deux ans elle n’est encore que l’anglo trop politically corr=
ect,
trop féministe, trop plate, trop studieuse, trop silencieuse ? =
Sans
doute.
Mais pourquoi cette fente excessive qu’une épingle
argentée bloque à l’articulation de la cuisse ?
Pourquoi ce trop, si triste ? Pourquoi cet étalage trop
honnête ?
Sans doute parce que Julie lui a dit qu’elle doit être pl=
us
sexy, plus légère, si elle veut avoir un chum et ne pas lui f=
aire
peur. Mais elle qui n’a jamais voulu être ni sexy ni
légère, elle ne sait pas ce que Julie veut dire. Elle a toujo=
urs
voulu être désirée pour ce qu’elle est, pour comm=
ent
elle est. Elle ne s’est jamais regardée comme on se regarde qu=
and
on veut paraître autre ; comme nous regardent les autres, quand
bouillonne la soupe des peurs et du désir.
Elle n’a jamais eu de chance. Sans doute parce qu’é=
;tant
trop lucide, elle n’a jamais rencontré que les feux follets des
hormones libérées.
Rien ne dure.
Cette fente est vraiment de trop et personne ne le lui dira et elle a=
ura
perdu une occasion de sentir ce qu’est l’érotisme. La pe=
ur
et les désirs des hommes.
29 août 2004=
. Moches.
J’ai beaucoup d’amis homosexuels, pour la plupart de parfaits e=
nculeurs
de mouches, mais pas un seul enculeur de moches.