MIME-Version: 1.0 Content-Type: multipart/related; boundary="----=_NextPart_01C56112.647E6DC0" Ce document est une page Web à fichier unique, ou fichier archive Web. Si ce message est affiché, votre navigateur ou votre éditeur ne prend pas en charge les fichiers archives Web. Téléchargez un navigateur qui prend en charge les archives Web, par exemple Microsoft Internet Explorer. ------=_NextPart_01C56112.647E6DC0 Content-Location: file:///C:/673ABA35/Avr18-Avr24-05.htm Content-Transfer-Encoding: quoted-printable Content-Type: text/html; charset="us-ascii"
18
avril 2005 Peur. Le 18 juil=
let
1870, le Pape Pie IX lit la bulle P=
astor
Aeternus qui le proclame infaillible.
L’homme a peur des femmes et
s’enveloppe dans la religion.
L’homme a peur des femmes et se c=
roit
infaillible.
Encore
la peur.
—[1]<=
/a>.
« Tu es dans les prunes, vieux fou ? ». J’=
ai
beau consulter le Robert et le TLF, j’ai beau me promener d’un =
bout
à l’autre de la France sur Internet, rien à faire.
J’envoie un e-mail à Louis.
Mon e-mail : « Est-ce
que "être dans les prunes" est une expression
québécoise ? »
Son e-mail : « <=
span
style=3D'font-size:10.0pt;font-family:"Courier New"'>Oui tout à fait=
. »
Mon e-mail : « <= span style=3D'font-size:10.0pt;font-family:"Courier New"'>Mais... sa significati= on ? »
Son e-mail : « http://13770.free.fr/2003= /11/le-cardinal-est-arrivro-avril-1994-du.html &= nbsp; &nbs= p; http://www.lexilogos.com/= quebecois_langue_dictionnaires.htm »
Ça n’a pas ét&eacut=
e;
facile, mais j’ai trouvé la signification : avoir ses règles. Une
signification.
Mais alors que veut dire
Bérénice lorsque, dans son échange de bouts de papier =
avec
Constance Chlore, elle écrit : « Voilà que tu
m’accuses de t’avoir épousé à cause de
l’argent de ton père ! Tu es dans les prunes, vieux
fou ! Tes radotages dégénèrent en confiture, vieux
chien obéissant ! » ?
Va savoir !
V. me fait noter que par analogie avec
« Tu es dans les patates », « Tu es dans l=
es
prunes » pourrait signifier « Tu te trompes &raq=
uo;.
Elle a sans doute raison. Elle avait ra=
ison
car, après quelques heures, je reçois un nouvel e-mail de
Louis : « Être dans les prunes, c'est être dans les patate=
s,
donc dans le champ, donc errer, au sens d'être dans l'erreur.<=
span
style=3D'mso-bidi-font-weight:bold'> »
Mon e-mail : « Le dictionnaire québéc= ois dit : avoir ses règles ! »
Son e-mail : «&n= bsp;Ça, c'est lorsq= ue l'on dit "être dans ses prunes". Pas "être dans = les prunes"
Et alors ?
Comment puis-je traduire en italien ses prunes qui sont des patates en règle pour faire de la confiture par une couille ?
Comme quand on traduit la poésie. En poétant.
20
mars 2005 Langue québécoise, langue française. =
C’est mathématique, la lan=
gue
québécoise est plus riche que la langue française. Et =
il
ne faut pas être des experts de la théorie des ensembles pour
comprendre que la langue française est un sous-ensemble de la langue
québécoise (tous les mots et toutes les expressions correctes=
de
la langue française appartiennent à la langue
québécoise mais il y a des expressions et des mots qui sont
corrects dans la langue québécoise qui n’appartiennent =
pas
au français). Dire que le français est un sous-ensemble veut =
dire
qu’il est plus pauvre que le québécois. Je ne crois pas
qu’il y ait un seul être raisonnable sur cette terre qui puisse=
le
nier.
Et alors pourquoi y a-t-il des gens qui
participent au renforcement du cliché que le québécois=
est
une langue pauvre ? Parce qu’ils confondent le lexique du locute=
ur québécois
moyen avec celui du locuteur français moyen, ou le lexique des hommes
politiques des deux pays, ou celui des enfants.
Mais est-ce pour les locuteurs ? S=
ans
aucun doute en ce qui concerne les hommes politiques et les enfants. (Mais,=
s’agit-il
vraiment de deux catégories ?)
Pour le locuteur moyen je ne sais pas q= uoi dire même si je ne rencontre pratiquement jamais que des « moyens ». Mais imaginons que ce soit vrai. On est d= onc devant deux faits contradictoires : comment est-il possible que, baignant dans une langue plus riche on soit, en tant qu’individus, pl= us pauvres ? Si on croit, comme je le crois, que les individus ont une tendance naturelle à explorer les terrains qui les entourent pour augmenter leur espace vital et leur plaisir, et si on croit, comme je le cr= ois, que les Québécois n’ont pas perdu cette tendance, il fa= ut admettre qu’ils n’ont pas une idée claire de la richesse= et de la grandeur du territoire qui les entoure. Que l’ignorance les blo= que.
Simple ignorance ?
Simple ignorance.
L’ignorance n’excuse pas.
L’ignorance n’excuse pas
même si les intellectuels québécois des deux camps adve=
rses
font tout ce qui est en leur pouvoir pour engraisser l’ignorance.
21
mars 2005 Hapax. Si Platon=
, avec
les millions de pages qu’il a aidé à créer, nous=
a
lassé un hapax, il faut croire qu’il y a vraiment des mots
impossibles à digérer. Et pourtant, contrairement au
célèbre ptyx de
Mallarmé, l’hapax onom=
atourgós
(fabricant de noms) cité par Catherine Dalimier dans sa traduction du
Cratyle n’a pas l’air tellement indigeste, compte tenu du conte=
xte.
Mais alors pourquoi est-il resté un hapax ? Mystère au <=
span
style=3D'font-style:normal !msorm'>=
tu autem impénétrable
— même s’il en a l’air, tu autem n’est pas un hapax.
22
mars 2005 Profession. Je
n’aime pas le terme « profession », je
préfère employer « métier »
même si « profession » est plus
général — toutes les métiers sont des professions
mais toutes les professions ne sont pas des métiers. Je ne l’a=
ime
pas parce que j’ai toujours eu l’impression que la profession e=
st
un métier qui s’est monté la tête. Je ne peux pas
supporter l’aura de prestige qui lui fait observer du haut de sa myop=
ie
les sales « métiers » qui mettent les mains
à la pâte. Il faut que j’ajoute que
« profession » me fait trop facilement penser à
« profession de foi », ce qui me donne les dents au
cœur.
Hier, parmi mes vieilles notes pour les=
Fils du temps, j’ai
retrouvé une liste de 705 métiers de tous genres. Il y a en de
toutes sortes, de toutes les couleurs, de tous les prestiges ; il y a =
en
qui n’existent plus, qui viennent de naître, qui font un retour=
sur
scène après une longue éclipse ; il y en a qui so=
nt
là depuis que l’homo=
i> sapiens est sapiens. Pourquoi ne les ai-je pas tous connus quand
j’étais jeune ? Si je les avais connus, je n’aurais=
pas
passé les vingt-cinq années les plus importantes de ma vie
à me préparer pour un métier, professeur, qui partage =
77,7 %
des lettres avec « profession »[2]<=
/a>.
Si je les avais connus, j’aurais =
choisi
parmi ceux qui ont un nom touchant, beau, étrange. Je ne me serais p=
as
soucié du contenu, l’apparence m’aurait suffit. Ceux qui
voient dans cette attitude un manque de profondeur devraient analyser en pr=
ofondeur
leurs réactions pour voir si ce n’est pas toujours le superfic=
iel
qui les fascine et si la profondeur n’est pas qu’un drapage pour
justifier ses goûts et ses sympathies.
Un premier tri m’aurait permis de=
les
réduire à une douzaine. Les voici : Décatisseur,
amareyeur, dominotier, paumier, plumassier, éperonnier, brandevinier,
oiseleur, prote, hirudiniculteur, chasublier.
Le choix final, je l’aurais fait =
en
tirant au sort.
Faisons donc une simulation. Le gagnant
est… le gagnant est…. Le gagnant est chasublier.
23
mars 2005 Europe. Il me dit
d’un air conspirateur — c’est un vieux socialiste et on d=
îne
chez de bons vieux riches bourgeois pas très éloignés =
de
Le Pen — qu’il n’est pas Européen mais qu’il
n’a rien contre les Européens, « une de mes petites=
-filles
est mariée avec un Italien et une autre avec un Allemand et je les a=
ime
bien », les maris. Après le repas, il me conduit dans un =
coin
du salon où il continue à conspirer. « Est-ce que =
vous
savez que le parlement français a approuvé, pratiquement &agr=
ave;
l’unanimité, une modification à la constitution
française pour pouvoir accepter la constitution européenne&nb=
sp;? »
Je nie avec la tête et avec un sourire étonné.
« On voit la fracture entre le peuple et ceux qui nous gouvernen=
t »,
il a oublié ses quatre-vingt cinq ans et me regarde timidement, comm=
e un
adolescent qui cherche l’approbation d’un adulte qu’il ad=
mire
pour ses idées extrémistes, si éloignées de cel=
les
de ses parents ! « On est gouverné par une clique=
230;
Il faut voter non ». J’acquiesce à tout ce qu’=
;il
dit et à tout ce qu’il dira. Ça ne vaut pas la peine qu=
e je
lui dise que je trouve le débat sur la constitution sans
intérêt, que 50 % de non, ce n’est pas une indicati=
on
d’une fracture, que ce sont encore ceux qui gouvernent qui cré=
ent
les oui et les non, que les référendum ne servent à ri=
en,
que les nationalismes et les communautarismes me font plus peur que les
internationalismes, même ceux de l’économie, que mê=
;me
dans un repas entre vieux riches etc. on n’est pas obligé de
parler de ce dont parle la télévision, que ce n’est pas
vrai que les jeunes n’ont plus de valeurs comme il le rép&egra=
ve;te
comme les vieux riches etc., qu’être incapable de programmer un
téléphone portable n’est pas un signe de bêtise, =
que
les erreurs d’accord des participes ne sont ni une nouveauté n=
i un
signe de décadence de la langue française. Pourquoi devrais-j=
e le
dire ? S’il avait cinquante ans de moins, si c’étai=
t un
jeune vieux con…
24
mars 2005 Forgive me. Pardonnez-moi. Perdonatemi. Pardonnez-moi, mais lorsque j’ai lu le message que Hitler a
envoyé à Mussolini quelques jours avant leur mort :
« La bataille dont dépend notre existence a atteint son p=
oint
culminant. Avec un matériel immense, le bolchevisme et les troupes d=
e la
juiverie mettent tout en œuvre pour conjuguer leurs forces destructric=
es
contre l’Allemagne et précipiter notre continent dans la chaos.
Avec le plus entier mépris de la mort, le peuple
allemand… », j’ai pensé aux islamistes. &Agra=
ve;
leur mépris de la mort. Pardonnez-moi, mais j’ai pensé =
que
les islamistes sont comme les nazis et que, comme les nazis, ils
s’opposent au « capitalisme et [aux] troupes de la
juiverie ». Pardonnez-moi, mais je n’ai pas pensé q=
ue
l’islamisme est le nouveau mal qui a pris la place du communisme.
J’ai pensé qu’il a pris la place du nazisme. Pardonnez-m=
oi,
parce que je sais ce que je dis.
J’ai pensé aussi, et pour =
cela
je n’ai pas besoin que vous me pardonniez, au grand
anti-intégriste de la chanson française qui chantait :
mourir pour des idées, dR=
17;accord,
mais de mort lente.
[1]
L’admission de m=
on
ignorance de la langue québécoise ne devrait pas laisser poin=
dre
l’idée que je crois connaître la langue
française ! Puisque le lien entre les mots et les idées a
une force certaine, il faut que j’ajoute que, depuis que le
français et le québécois se sont emmêlés =
dans
l’italien, l’écheveau de mes idées est pratiqueme=
nt
impossible à débrouiller.
[2]
Les premières lettres,
par-dessus le marché, celles qui donnent le style au mot, celles qui
forment la racine qui alimente la signification du mot. En apprenti
étymologiste, comme l’était le bon vieux Socrate, je di=
rais
qu’ils ont la même origine. Vérifions.
« Professeur » (selon Le Robert) dérive du
participe passé du verbe latin Profiteri
qui signifie déclarer publiquement, enseigner.
« Profession » (selon le TLF) emprunte au lati=
n.
professio, -onis « d=
éclaration,
déclaration publique, action de se donner comme »
d'où « état, condition, métier »
dérivé du radical du supin de profiteri « déclarer ouvertement, officiell=
ement,
se donner comme ». Voilà un cas où la
première impression est la bonne, comme quand on voit pour la
première fois une personne — si on est le moindrement attentif=
.