Putes

par Alice Premiana

 

L

e débat sur les maisons closes qui vient de faire surface dans les milieux politiques québécois devra être élargi aux maisons closes pour femmes. L’évolution des mœurs sexuelles, l’importance (en nombre et qualité) des discours sur le corps de la femme, l’indépendance économique toujours croissante (même si de manière conjoncturelle nous assistons à des retours en arrière), permettent finalement d’approcher le « problème » du plaisir des femmes. L’écran des sentiments, la maternité et la peur des hommes ont, jusqu’à présent, empêché de penser le plaisir de la femme dans toute sa splendeur. Penser le plaisir n’est bien sûr possible que là où le plaisir s’est déjà trouvé une place. Cette recherche de la place du plaisir féminin n’a jamais été réellement engagée à cause des contraintes économiques et culturelles de nos sociétés dominées par les hommes. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut blâmer seulement les hommes de cette condition « défavorable au plaisir » comme fait Marlène Dagetrheim dans son essai sur les causes ontologiques du lesbianisme. Nous ne pouvons pas présenter des solutions en quelques lignes. Ce que nous pouvons faire, par contre, c’est de présenter les pistes de réflexions que nous avons engagées dans un livre à paraître chez Minnesota University Press (The Big Bang of Female Sexuality). Nous n’avons pas l’espace non plus pour justifier notre choix d’appeler les « maison closes » pour femmes Open Houses (acronyme OH). Voici donc quelques-uns des éléments que nous considérons importants dans la thématique du plaisir des femmes :

Nous sommes sûrs qu’une fois qu’on se sera aperçus de l’augmentation de productivité causée par les OH, les séances seront financées par les entreprises ou l’État (le partage entre financement public et privé dépendra des niveaux de pivatisation). Les résistances plus fortes contre les OH viendront sans aucun doute des milieux homos masculins et des milieux psy. (surtout psychanalyse). Il est malheureusement très difficile à admettre, pour une femme qui a milité en faveur du mouvement gai, que l’homosexualité masculine soit l’ennemi principal des femmes qui revendiquent le droit à la jouissance et que cela soit vrai surtout quand l’homosexuel mâle est lié d’amitié avec les femmes.